fictions du corps | Notes sur les hommes absents

pour en finir avec la vie joyeuse, 27


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Il ne faut pas confondre les hommes absents avec ceux qui, simplement, ne sont pas au même endroit que vous en même temps.

L’absence se perçoit, l’absence se sent, l’absence est un manque et une souffrance.
Il ne faut pas confondre les hommes absents avec ceux qui auraient dû être là et ne le sont pas.

Vous êtes vous-même la totalité de l’espèce, et si vous êtes en ce lieu en relation avec un autre ou d’autres, vous êtes à vous seuls la totalité de l’espèce, vous parlez et agissez en son nom. L’absence, vous l’apportez avec vous, elle vous accompagne.

L’absence c’est l’insuffisance où nous sommes du dehors.

Il ne faut pas confondre les hommes absents avec les hommes transparents, les hommes invisibles, les hommes fuyants et tout autre mode d’être qui vous laisse seul en ce lieu, quand vous auriez souhaité ne pas, ou tout autre mode d’être qui est présent en ce lieu, mais ne vous est pas perceptible.

L’absence, pour un homme absent, suffisait-elle à le définir ? Les hypothèses tournaient principalement autour de cette idée : un homme absent, s’il l’est ici, l’est partout. L’absence est une qualité indépendante du temps et du lieu. Elle est absence à soi-même qui vous retranche des autres.

Et c’est pour cela qu’on en savait si peu sur les hommes absents. Pour cela que l’absence était un manque si douloureux.


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 31 janvier 2014
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