#40jours #prologue | l’envers du décor

Si on rate le virage, on rentre dedans. Il serait souhaitable de rentrer dedans sans louper le virage, mais cela n’est pas possible. Elle intrigue, car ce que l’on voit de la route n’est pas suffisant pour satisfaire notre curiosité. On voudrait l’envers du décor, pas cette pelouse impeccablement tondue, les palmiers nains, l’araucaria toujours verts, les deux chiens nonchalants près du portail, surtout pas cette immobilité, ces volets fermés, ce dédain envers le monde qui n’est pas le leur. On envie le paysage de l’autre côté, leur vie de l’autre côté, leurs joies et leurs chagrins de l’autre côté, on voudrait se voir nous-mêmes de l’autre côté.  Il suffirait de rater le virage :  la villa blanche à la sortie de la ville de Santiago do Cacém.

Codicille : Je ne voudrais pas non plus rater le prologue, même s’il est minuscule.

A propos de Helena Barroso

Je vis à Lisbonne, mais il est peut-être temps de partir à nouveau et d'aller découvrir d'autres parages. Je suis professeure depuis près de trente ans, si bien que je commence à penser qu'autre chose serait une bonne chose à faire. Je peux dire que déménagement me définirait plutôt bien.

10 commentaires à propos de “#40jours #prologue | l’envers du décor”

  1. Bien contente de ne pas avoir loupé ce virage et de découvrir ce texte!

    • Je relis ton texte aujourd’hui, c’est très beau cette image fixe dans le mouvement du virage, ou cette image mouvante fixée dans le virage.

  2. je n’ai pas lu la consigne, et sais que n’aurais pas la force ni le temps de vous suivre tous, mais comme Piero Cohen-Hadria parlait hiers sur son blog de votre contribution à laquelle il disait s’être plus ou moins rattaché, comme j’ai envie de le lire, suis passée… bien heureuse que vus l’ayez donné envie d’avec vous rater le virage et, sans trop de casse, découvrir l’envers du décor

    • Les découvertes de l’envers du décor se font toujours avec un peu de casse, c’est vrai. Merci d’être passée.