
Il voit la femme passer dans la rue. La robe légère en mouvement avec le pas rapide. Les jambes en mouvement, la cheville fine du pied au-dessus de l’escarpin brun, les muscles des mollets tendus.
Il voit le banc vert bouteille où il aimerait s’asseoir face au bac à sable du parc. Les enfants sont assis dans le sable, grimpent sur les édifices en bois, glissent sur le toboggan.
Il voit une fillette courir et tomber sur le ventre. Sa jupe lui couvre la tête. La petite culotte pastel exposée un instant. Image gravée.
Il voit le jeune homme à vélo, les bras tendus sur le guidon, les muscles saillants aux avant-bras.
Il voit la boulangerie, rideau baissé le lundi.
Il voit la pharmacie et sa croix verte illuminée et clignotante.
Il voit la porte de l’immeuble dans un renfoncement. Le souffle court, la pousse, monte d’un pas lent.
Il voit une autre porte, celle de son petit studio. Mains tremblantes, souffle haletant, clé cherchant la serrure, porte refermée. Tanière cocon sécurité.
Il voit un lit une place, posé dans un coin, une table en bois juste à côté, une seule chaise sous le velux qui donne sur le ciel, un coin cuisine, une salle d’eau minuscule. Une fin de vie loin du monde, à l’abri des regards.
Certaines fois, je vois ce qu’il voit. Merci.