A propos de Ugo Pandolfi

Journalist and writer based in the island of Corsica (France) N 42° 46' 0.12'' E 9° 26' 59.999’’ • son blog Ugo Pandolfi Scriptor

#été2023 #15 | les objets d’Adelaïde

Jamais la barque ne fut mise à l’eau. Elle dort, paisible, sur une plage de galets. La plage de galets où la femme et la tortue se rencontrèrent et purent, étrangement, se parler. Dans leur commune langue, des objets prenaient sens, des mots devenaient chamaniques, une disparue revenait. Receleurs de poésie secrète, les objets d’Adelaïde revivent désormais. Un minuscule éléphant en ivoire. Continuer la lecture#été2023 #15 | les objets d’Adelaïde

#été2023 #14 | réflexion(s)

Du côté de l’anse opposé à celui où nous étions je ne pouvais rien percevoir de ce rare moment. Rien, sinon l’indicible beauté du miroir de l’eau tremblant le ciel. Rien, sinon la lumière qu’elle seule sait apprivoiser. Lumière plurielle, changeante, rasante à l’heure d’une marée montante.

#été2023 #13 | compas versus boussole

Au 270 rien de nouveau sinon que le soleil s’y couche avec un entêtement têtu auquel je n’assiste qu’à l’occasion de rares voyages. Au 270 rien de différent sinon que les lézards y sont plus nombreux les après-midi, en été surtout. Des tortues s’y promènent parfois, discrètes Et la nuit, des hérissons souvent viennent, bruyants, s’empiffrer de croquettes pour chats. Continuer la lecture#été2023 #13 | compas versus boussole

#été2023 #12bis | rien à voir

Pourquoi suis-je là, il pense. Là où il n’y a aucune œuvre disponible du seul peintre vivant ici dont j’apprécie depuis plusieurs années les palimpsestes. Là où il n’y a pas rien, mais rien d’assez profond, d’assez violent, d’assez pensé, d’assez aventureux pour prendre aux tripes le personnage que je suis censé être. Des couleurs, des formes, des figures d’un Continuer la lecture#été2023 #12bis | rien à voir

#été2023 #12 | passeggiata

La ville est calme en ce début de matinée. Les touristes sont encore endormis dans leurs hôtels. Ceux qui ont débarqués à l’aube la découvrent avec lenteur. Sur la passeggiata, un homme est assis sur un banc,immobile, les yeux fermés, les mains jointes sur les genoux. Là, depuis des heures, comme une statue. Il ne voit rien des hommes ou des Continuer la lecture#été2023 #12 | passeggiata

#été2023 #11bis | le chat n’est pas aussi bon

Sa vie parmi les livres est d’une richesse incommensurable. Très tôt, ses curiosités plurielles l’amenèrent à travailler en profondeur les écritures d’incontournables auteurs francophones et anglophones, des plus anciens aux plus contemporains. Tenter l’archéologie de ses lectures exigerait plus de vies que les chats n’en possèdent. Par contre, les preuves indiscutables que nous avons pu recueillir à son insu concernant Continuer la lecture#été2023 #11bis | le chat n’est pas aussi bon

#été2023 #11 | en marche amère

Il faut que je parle un peu de la barque. Elle n’était pas d’ici. C’était un beau pointu ponté de huit mètres avec dans sa cale un inusable moteur diesel Baudoin. Nous sommes allés le chercher en voilier à Villefranche-sur-mer. Le convoyage s’est bien passé, y compris la nuit. Deux d’entre nous accompagnaient le docteur qu’il n’était pas question de Continuer la lecture#été2023 #11 | en marche amère

#été2023 #10bis | Metalepsis

Les transgressions de tes métalepses ne sont pas toutes à mon goût. Je peux te le dire avec franchise avec les phrases courtes que tu n’écriras jamais, acharné que tu es à construire ton ethos. Il y a celles qui me plaisent. Celles où tu choisis ta mort. Celles qui font espérer un héritage à ta cousine. Celles qui trompent les Continuer la lecture#été2023 #10bis | Metalepsis

#été2023 #10 | ivre

Il se racle la gorge. Il crache par terre. Il foule au pieds les morceaux d’étoupe qui jonchent le sol. Il regarde vers la fenêtre. Il mange un nuage. Il boit le goudron. Il cherche une issue. Il se dirige vers la porte. Il l’ouvre. Il fuit cet atelier où une vieille barque occupe tout l’espace. Il est libre. Il Continuer la lecture#été2023 #10 | ivre

#été2023 #09bis | magma

Si –comme il l’écrivait récemment encore– les trous de sa barque se ressemblaient tous, il ne comprit jamais pourquoi, ni comment certaines fissures de ses bois empêchaient tout colmatage, comme si ces plaies du temps l’enlevaient du présent, annulant étoupe et goudron. Pourquoi cette déchirure dans la coque a l’odeur humide d’une cave obscure, d’un sol de terre battue ? Continuer la lecture#été2023 #09bis | magma