A propos de Vincent Francey

Enseignant, chanteur et clarinettiste amateur, je vis dans la région de Fribourg, en Suisse, et suis passionné de lecture et d'écriture depuis toujours, notamment via mon site a href="https://www.lie-tes-ratures.com/">lie tes ratures mais aussi sur un blog né à la suite de l'atelier d'été sur la ville : fribourgs.com. Auteur d'un livre autoédité, Je de mots, dictionnaire intime, je suis également présent sur YouTube pour, entre autres expérimentations, y parler de mes lectures.

#anthologie #25 | ça sent

Ça pue la choucroute rance. L’enfant arrêté devant l’armoire à confitures. Pourquoi tant de variations autour d’un faux souvenir ? J’ai toujours aimé l’odeur de la choucroute. Sentir le vent. Que transporte-t-il à sentir, le vent ? Quelle différence entre l’odeur de la bise et l’odeur du foehn ? Une odeur froide, une odeur chaude, qu’est-ce que ça change ? Sur ma peau, ça Continuer la lecture #anthologie #25 | ça sent

#anthologie #24 | sous la couverture

Sous la couverture, ils dorment. La grand-mère les regarde un instant puis elle tourne la tête vers l’extérieur. Elle, elle ne doit pas dormir, pas quand ils dorment, eux. La couverture se soulève légèrement à chaque respiration, d’abord la fille puis les deux garçons, à l’unisson. On voit dépasser de temps en temps des membres épars, un bras, une jambe, Continuer la lecture #anthologie #24 | sous la couverture

#anthologie #23 | sous la grotte

Plus bas, il y a la grotte. On pourrait y entrer par la cheminée que le père avait creusée. On tomberait sur le feu, sur la couverture, sur les enfants grelottants, sur un lit de feuilles mortes et de paille éparpillée, sur la pierre friable d’un sol poreux où traineraient des tasses ébréchées, des fourchettes, des bouts de cartons, des Continuer la lecture #anthologie #23 | sous la grotte

#anthologie #22 | Moulin de Prez

Le pont tient bon. La rivière en dessous s’écoule sans heurt. Un banc de bois tout neuf permet aux promeneurs de se reposer un instant près des traces d’un feu depuis longtemps éteint. La nuit, parfois, on grille des cervelas. De l’autre côté du pont, un grillage se dresse parmi les herbes hautes. Interdiction d’entrée. La maison pourrit au bord Continuer la lecture #anthologie #22 | Moulin de Prez

#anthologie #21 | notes familiales

Séraphine a vingt-deux ans (1). Elle se marie, prend le nom de son mari (2), jure de lui être fidèle et dévouée jusqu’à ce que la mort les sépare (3), s’engage à lui faire de beaux enfants qui reprendront le domaine (4). La main fouille dans le tiroir de la commode en quête du livret de famille (5), ne le trouve Continuer la lecture #anthologie #21 | notes familiales

#anthologie #20 | je n’ai pas de photo de toi

Je n’ai pas de photo de toi. J’en ai une dans l’imagination. La photo est un peu déchirée. Tu y souris mais à peine. C’est ainsi qu’on t’a appris à exprimer ton bonheur. Tu y portes cette robe blanche, la même qu’avait portée ta mère. Il porte ce complet fait pour l’occasion. Il a plus de peine à sourire que Continuer la lecture #anthologie #20 | je n’ai pas de photo de toi

#anthologie #19 | traces

Le mini zoo où trois lamas, deux autruches, des poneys et des chiens réfugiés vieillissaient sous le regard des promeneurs du dimanche. Sur le mur de molasse, des inscriptions : prénoms collés l’un à l’autre, dates anciennes, bouts de prières, arabesques inachevées, la mousse petit à petit effaçant tout. Une vieille dame au coin du feu. Elle tricote, fredonnant des mélodies Continuer la lecture #anthologie #19 | traces

#anthologie #18 | photos-vie

Faire-part. Donner la preuve que l’enfant est là, que la maman se porte bien, que le papa est fier, tout cela n’est pas une fable, le bébé a une taille, un poids, une date de naissance, et la photo atteste qu’on peut commencer à dire à qui il ressemble. Album. L’enfant est de plus en plus grand. Les photos sont Continuer la lecture #anthologie #18 | photos-vie

#anthologie #17 | visite à Croisset

Venez fin avril. Pour l’instant, ma guibole me cloue à Croisset. La maison aux murs blancs donne sur la Seine, où de temps à autre passe une péniche. Gustave Flaubert est assis. Il me montre sa jambe. Ça, je m’en fiche. Ce sont mes bonshommes qui me fatiguent. Sur la table, les piles de bouquins s’amoncèlent. De temps en temps, Continuer la lecture #anthologie #17 | visite à Croisset

#anthologie #16 | elle face à lui

Elle a posé le menton sur ses mains. Elle le regarde. Elle sourit. Il fixe un point sur le mur du fond. Elle se caresse le lobe de l’oreille, s’apprête à parler. Il s’empresse de dire une banalité, un truc de boulot, une vague plainte, une invitation à faire comme si on était toujours au café du matin. Elle a Continuer la lecture #anthologie #16 | elle face à lui