il y a
Bái-Hǔ
oui ce nom
ce cri de Bái-Hǔ
ces visages de métal
des fronts des joues des cous
il y a ces corps asservis empêchés
ces étudiant·es emmêlé·es suppliante·s
il y a les reflets du soleil sur leur peau de métal
il y a des passant·es qui s’inclinent devant le Mémorial
il y a des passant·es qui traversent l’esplanade sans un regard
il y a des écolières et des enseignantes, des touristes et des guides
il y a une voix off qui raconte l’histoire de la révolte, le rêve du Tigre Blanc
il y a des chuchotements des murmures qui contestent le récit de l’Infinie Clémence
il y a des chuchotements des murmures qui contestent la Clémence du Grand Homme
il y a des cris, des chocs sourds, des explosions, des charges, des déflagrations, des pas de course, une bande son retrouvée, des images d’archives granuleuses, tressautantes, coupées
oui tu oseras tu relèveras la tête oui devant toi les allées de Long Mercy Camp oui tu verras
ces foules tu regarderas ces femmes ces hommes accablés de lassitude oui tu avanceras
parmi leurs déambulations tu te fondras dans les multitudes oui tu oseras oui tu diras
oui à la réalité du monde oui aux oiseaux de mer qui crient au-dessus de l’esplanade
oui aux vieillards qui peinent à tirer leur chariot de course oui aux si jeunes mères
oui à l’enfant blotti sur leur poitrine oui au vent qui soulève les cheveux oui au
soleil brûlant oui aux bourrasques qui disséminent des détritus sur le parvis
tu diras oui ton oui te délivrera ton oui te portera au début ce sera un oui
des yeux un oui que tu chuchoteras un oui des lèvres entrouvertes et
ton oui descendra dans ta poitrine il vibrera dans ton ventre oui il
résonnera dans ta chair et enfin il jaillira il jaillira comme un
kiaÏ tu diras oui en grand tu diras oui à l’énergie tu diras
oui aux pulsations de la vie quelles qu’elles soient
tu diras oui aux devins qui pressentent ton
avenir tu diras oui à la fille qui appelle
les oiseaux tu diras oui à ses cris tu
diras oui à sa folie tu accepteras
la puissance de ses regards
tu diras oui à sa voix
oui au vertige qui
vous saisira tu
diras oui à ce
désir oui
tu diras
oui
Bonjour Muriel,
Bravo et merci pour ce texte ! Et la forme, comme en hommage à Apollinaire, si bien construite…
Comme vous, l’atelier est la matrice brute d’un roman en cours d’écriture. J’espère que le votre avance comme vous le souhaitez.
Merci beaucoup Philippe pour votre passage ici et votre message. Je suis heureuse de savoir que pour vous aussi l’atelier sert de « forge » à un roman en cours d’écriture et je vous souhaite une belle avancée dans votre projet.
magnifique ta forme sculptée de mots et de il y a
c’est comme un gâteau, on n’a presque pas envie d’y toucher au risque de l’abimer…
et il y a toute l’humanité dedans…
Merci beaucoup chère Françoise, cette forme s’est invitée toute seule et a structuré mon texte
je découvre vos textes, ce qui se dessine et s’entend, très beau ! merci
Grand merci Gracia pour la lecture et le message