– sommaire général du cycle;
_ sur Patreon, téléchargement de «Immobile» (extrait de Pour finir encore et autres foirades) plus inscription et publier vos contributions, plus Zooms etc.);
_ contributions à envoyer par mail jusque samedi 14 juin !
Lancé de façon à renouveler nos rythmes et nos protocoles de partage, la densité même de ce cycle #boost l’a très vite emmené sur un terrain pour nous encore peu arpenté : l’intensité mentale, celle de la peur et du cri, puis des durées qui peuvent s’y inscrire.
L’ombre de Samuel Beckett a pour moi été présente depuis ce début et ces premières propositions. Avec notre #13, «une voix parvient à quelqu’un dans le noir» (l’incipit de Compagnie), nous sommes entrés de plain pied dans l’écriture même de Beckett, non pas les images les plus rémanentes de Compagnie, mais son dispositif même, la matrice qui les assemble.
Et si on rebasculait du noir à la lumière ? Et qu’on tentait de travailler une variation continue de la lumière à la nuit, dans cette temporalité si familière et toujours inconnue pourtant, où reste imperceptible la transition entre deux instants trop rapprochés, elle est par contre complète si on laisse au texte le temps de s’accomplir dans une durée plus mesurable.
Et c’est bien le cas dans ce texte magnifique, pourtant d’une apparente simplicité tendant elle aussi à l’extrême.
Tout y est pesé : par exemple, ce surgissement de la lumière en amont du soir, et éphémère, dans une journée à dominante sombre; par exemple, la tenue à distance de tout élément d’ordre auditif (mais une tenue à distance si ferme qu’à la fin c’est cela qui encercle et assiège…
Le format d’abord : pour Beckett, 874 mots, quelques 4900 signes, on n’en fera pas contrainte, mais quand même une insistance — pour que cette proposition vaille, il faut laisser au continu la place de se déployer.
Et, pour qu’il se déploie, le nourrir. Vous verrez une fois l’extrait téléchargé («Immobile» est un des textes rassemblés dans Pour finir encore, et autres foirades), d’abord le corps sujet du texte, et qui en assemble les perceptions, est assis dans un fauteuil, s’écrivent aussi les micro-mouvements du bras, du coude et des doigts. S’écrivent aussi les yeux, ouverts ou fermés. S’écrivent ce qu’ils cherchent à voir, un arbre au premier plan, un point presque indistinct au lointain.
Et puis, miracle, ce texte de Beckett est un texte d’action : ce narrateur assis va se lever et venir jusqu’à la fenêtre, se tenir debout devant elle.
Ainsi contraignant le texte à se faire suite continue de figures chacune distincte et énonçable, où la variation continue du soir à la nuit devient elle aussi suite d’états précis, qu’on inventorie avec minutie mais sans jamais rompre l’impression inamovible de continu.
Beckett, en fin de texte, signale qu’il a lui-même traduit ce texte de l’anglais en 1975, ce qui ne nous renseigne pas sur la date de première écriture — mais est-ce que cette mention «traduit par l’auteur» ne peut pas à nous aussi, de notre langue intérieure à la langue écrite, nous donner une impulsion pour écrire ?
contributions à jusqu’au 21 juin plutôt – 2025 sans doute…(et merci)