Carnet Individuel | g@rp

#1 — Matin : coucher 1h30. Meilleur pâtissier, trop long (soupir/bâillement). Lever : 5h30. Nuit ? trop courte (soupir/bâillement). Petit-déjeuner-infos-web, douche, fringues. 7h. Caresser/nourrir le chien, ne pas oublier l’alarme, encore caresser le chien (tu gardes la maison !). 7h15. Voiture, START, 1ère, 2nde, première à gauche, dangereux croisement (à gauche, frappé d’alignement, le labo d’analyses médicales). Tête à gauche, voie libre, coup d’œil à droite – toujours un crétin pour débouler et tourner sans attendre que – un feu ? Ce feu n’était pas là hier. 

#2 — Ni avant-hier, ni il y a quinze, non trente ans, lorsqu’on venait de la rue derrière, puis de l’allée bordée de platanes, au numéro 15, où se trouvait la maison, notre première maison, derrière la porte à carreaux vitrés, en haut de trois marches, derrière une porte en bois, au fond d’un couloir, derrière une autre porte se trouvent les toilettes devenues au fil du temps bibliothèque : trois mètres sous plafond, bourrés d’étagères, bourrées de livres. Mon refuge. Un endroit calme où chante une rivière, en somme.

#3 – Refuge. Refus de la réalité. Refus de voir J. ne pas/plus me reconnaître. Refus de sa souffrance. Injuste souffrance. J. si jeune. 8 ans. Aucun enfant ne devrait souffrir autant, perdre jusqu’au langage, la mémoire, ne plus être là, dans le réel, déconnectée par tant de douleur. Elle ne méritait pas ça. Elle ne méritait pas un père comme moi, terré dans son refuge. Refusant de supporter l’horrible réalité de la souffrance de sa fille.

#4 – Réveil soudain par la grâce – Ô combien – d’une petite phrase datant d’avant la naissance de J., lorsque je m’amusais à lui parler, oreille collée au ventre arrondi de sa mère : bébé ? C’est papa. Tu me fais un petit boum pour me dire bonjour ? Et le boum venait – un coude, son genou ? Peu importe. Seul le contact comptait, l’échange. 

Phrase soudain lancée de nouveau, mais en bouée de sauvetage, au cœur des ténèbres de l’épilepsie emprisonnant J. loin de la réalité : « Tu me fais un petit boum pour me dire bonjour ? » Mes larmes ont coulé lorsque les yeux de J. ont  cessé de rouler pour se fixer droit dans les miens : « Papa ! » J. venait de renaître. 

#05 — Je n’ai jamais oublié le jour de la renaissance de J. – provisoire, je l’ai appris plus tard, mais je savais désormais comment la faire renaître.

Un lundi. Le ciel était gris morne – mort né ? – froid. Revenue à elle – et à moi – il a changé pour se teinter du même bleu lumineux que celui des yeux de J. 

J’y ai vu un signe. De l’espoir. 

#06 – Un signe que personne d’autre que moi n’aurait remarqué.

#07 – | yeux marrons en amande au-dessus d’une moustache mêlant roux, blond, brun et quelques nuances de blanc, au cœur d’un visage poupin étranglé dans un uniforme trop étroit | des rides en carte IGN desquelles émerge un stéthoscope planté dans des oreilles décollées d’homme à la tête de chou | un adorable nez aquilin désignant des lèvres pulpeuses offrant en sourire un collier de dents de perle |

#08 – Optique Belfontaine Eleaf Arnaldur Indridason Pro Plan Cécile Crayencour Laroche-Posay Chanel Bernadette Orgeval Claude Attard Michael McDowell Robert Daugey Chaulan Brigitte Célérier Sacha Vince Gilligan Arnaldur Indridason Philibert Humm Volodymyr Zelensky Morgan Keane Donald Trump Raphaël Bentéo Sara Mortensen

#09 — Ne pas s’attarder sur le flux de cette journée balisée de noms / marques croisés / croisées / lus / aperçues / appréciés / ou pas / mais plutôt s’attarder sur les visages de ce passé de quinze / non / trente ans / ne pas s’attarder au décompte des années / mais remercier ces visages anonymes / pompier / médecin / infirmière / d’avoir soigné / J.

#10 — Pendant que ces anonymes s’affairent autour de J, / stéthoscope / masque / perfusion / perfusion que me surprends à penser qu’elle ressemble à un arbre de Noël / nous n’en sommes pas si loin après tout / J. sera-t-elle sortie de cet hôpital ce jour-là ? / pendant que j’attends leur verdict je me ronge les ongles / et les sangs / pendant que le temps s’étire à n’en plus finir, le stéthoscope de l’homme à tête de chou se plante par un tour de passe passe soudain face à moi – il n’y était pas il y a / ne pas s’attarder au décompte des heures, minutes, secondes / « Pas de tumeur au cerveau » / Pendant que cette annonce chemine en moi en soulagement, une question : alors de quoi souffre-t-elle ?

#11 — Pendant que j’attends le résultat de son énième examen – ils pensent : “migraine accompagnée” mais souhaitent approfondir en plongeant J. dans le caisson bruyant qui livrera l’image du labyrinthe de son cerveau – une réminiscence / par arborescence / de cette Maison (bleue) des feuilles. 2002. Lire, éprouver la lecture, physiquement, décrypter ce qui est codé à l’attention d’un seul et de tous / ou pas / m’approprier cette Maison labyrinthe, m’y cogner aux meubles / aïe / puis dompter son espace au point d’en avoir envie de meubler, moi aussi, une maison de feuilles blanches, sauter le pas en marelle, fail again, fail better, jusqu’à : Kaléidoscope.

#12 — À l’époque, un seul ? me suffisait à noircir / crayon à papier / cahier à spirale / des pages au kilomètre lancé / pause / laisser mijoter / jusqu’à ce que le . final s’impose de lui-même. Exemple : quel pourrait-être le petit nom d’un bébé dragon ? [venue pendant un navet à la Tévé où le héros blonbouclé  s’en voyait précisément refourguer un – ne me demandez pas le titre] Parfois, une phrase jaillie d’on ne sait où suffisait : mêmes causes, mêmes effets. Exemple#2 : Le cerveau est un disque dur obsolète par avance.

Mais aujourd’hui, qu’est-ce qui me permettrait d’enfin écrire sur son cerveau, sur ce qu’il a infligé à J., pour m’en libérer, déchirer 10 ans de grisaille, maintenant que tout est / presque / fini ?

Qui sait ?

Un feu qui n’était pas là hier ?

#13 — Il n’était pas là hier, ce feu. J’en mettrais ma main au feu, justement. Mais je ne m’en remets pas à lui. D’ailleurs, cet œil rouge qui braque ma voiture, rouge elle aussi, ne me dit rien qui vaille. Prudence, donc, j’attends. L’œil vert libérateur. 

#14 — Pied sur l’embrayage ma main droite passe la première tandis que mes yeux ne quittent pas l’œil rouge en haut de l’autre côté du pare-brise les pieds jonglent avec les pédales embrayage et accélérateur rugit d’impatience le moteur qui soubresaute la voiture tel un fauve prêt à bondir une fois l’œil rouge descendu vers le vert. Une seconde d’attente tendue. Attendue.

#15 — putain les jouets coûtent de plus en plus cher putain tu penses trop je pense putain mais si je pense à rien je m’ennuie putain alors ça veut dire que je suis plus intelligente putain comme un petit vélo qui pédale trop vite putain mais c’était pour laisser planer un doute putain ce téléphone est une merde putain qu’est-ce qu’ils sont beaux les pompiers putain tous les jours y’a un Schumacher sur l’autoroute putain sous anti inflammatoires ça va mieux olé olé 

#16 — casaque grise à capuche toque légèrement dégarnie breeches blue jean, baskets blanches | casaque gilet de sauvetage bleu marine toque blonde ondulée breeches cuir noir moulant, bottes cavalières | casaque noire à bouloches toque rasée en Barthez breeches beige à pinces, mocassins has been à pompons | casaque en mérinos toque grisotempes breeches informes délavées, claquettes chaussettes | casaque beige traineauxpieds toque choucroute frisée breeches legging verdâtre, escarpins vernis | casaque noire cintrée nombril à l’air toque noire corbeau breeches collants sous jupette à carreaux trop courte pour la saison, chaussures de chantier noires | casaque grise à ailes en paillettes aux épaules toque ratepenade breeches jean à enfiler au chausse-pied, baskets rose fluo | casaque bleue sur mesure cintrée à la taille toque playmobil noire jais breeches bleue coupe cigarette, derby noires en proue de bateau | casaque blouson militaire sur bedaine en Zitrone toque échevelée breeches en velours côtelé, clarks baillant de fatigue 

#17 — Pendant que toujours en attente de la descente de l’œil rouge au vert, attendue, tendu, au feu, un défilé en course hippique de piétons sans visages et de voix désincarnées — sont-ils faits pour s’entendre, se voir, se parler ? — autoradio pour tuer le temps qui tire plus vite que son ombre : [« Je veux que les marchands de sommeil ne dorment plus la nuit » pendant que s’ouvrent les États Généraux du logement…] Je pense : un peu court, jeune homme ! Il y a un cap, une péninsule à atteindre, un doigt à mettre pour y parvenir — En avant Guingamp | la vente de sommiers matelas lits aux marchands de sommeil sera désormais interdite sans présentation de la carte d’insomniaque certifiée conforme à l’original accompagnée du timbre fiscal adéquat et de deux photos d’identité aux yeux cernés nantis des deux rangs de valises réglementaires, deux étant un minimum | cela va de soi – surtout si la carte est celle d’un autre. Monsieur le Maire, la balle est dans votre camp. 

#18 — « Nous savons tous que la vie est gouvernée par des coïncidences. Nous faisons comme s’il y avait une intrigue et de l’autodétermination, mais en réalité nous savons tous très bien que la coïncidence est l’ordre naturel des choses. Dès que le flux des coïncidences s’interrompt, il convient de faire très attention où l’on pose le pied. Quand les coïncidences cessent, la réalité n’offre plus d’alternatives. C’est le moment que choisit l’indéfinissable pour frapper. »

3e étagère, deuxième roman en partant de la gauche – un des plus cornés, mais pas le seul – un signe – je me souviens – recopié en Garamond – format RTF – dossier Notes – Dropbox – ordi Windaube – un HP – portable – au poids considérable – haut de gamme, qu’ils ont dit – cadeau d’anniversaire – quarante ans – posé sur les genoux – chauffe trop – te brûle les cuisses – bermuda ? – alors ça doit être l’été – cou plongé à gauche vers le livre maintenu ouvert à la page à recopier – béni soit le coussin à l’usage détourné du canapé – à droite vers l’écran – torticolis futur, c’est sûr – on s’en fout – dès sa sortie en 2010 dans la belle et bonne collection Lot 49 – claro – à côté des Richard Powers – de Brian Evenson – du monstrueux Tunnel de Gass – pas trop loin des Vollmann – ni de David Foster Wallace | tiens ? Pynchon leur fait du coude. Lève les yeux : Borges & Cortazar sont sur la 4e étagère | ils doivent bien s’entendre | Lowry au-dessus | ça doit le changer |

Pas tous de la même période | l’aléatoire de la mémoire et du rangement.

#19 — # transaction #1 [7h30] * clac * ouverture de la porte blindée du sas protégeant les locaux, déclenchée par Charles qui m’a reconnu depuis son bocal en verre blindé | [réaction #1] signe de tête en remerciement & bonjour franc et souriant [over] ## transaction #2 [8h55] — Christian, tu peux venir voir un truc ? — J’arrive I [réaction ##2] — Super ! Merci, hein [over] ### transaction #3 [9h] * bip bip * badge nominatif reconnu / impression sécurisée I [réaction ###3] trois feuilles papier recyclé recto verso [over] #### transaction #4 [10h] II> PAUSE # boulot de robot [over-dose]

#20 — sourd aux bruits du monde, le silence est d’or même lorsque le regard se pose sur la plus répréhensible des transactions : pour une cartouche, en douce l’échange clopes de contrebande euros se fait tour de passe-passe. Ballet de mains agiles et de doigts avides ou l’inverse. Ont-ils remarqué l’œil en vigie de Big Brother en haut de son coin de rue ? Scène devenue banale aux Marché des Capucins.

#21 — Presque certain d’entendre l’œil rouge tomber en | Vert ! Enfin ! Enfoncer l’accélérateur d’un pied rageur mais soulagé (possible, ça ?) | Sourire, libéré | Gagner de la vitesse en lapin d’Alice (obligé) | Soudain, du coin de l’œil (le mien) Alarme ! Freiner des deux pieds, mâchoires serrées (mal aux plombages) | Laisser passer un — petit vélo qui pédale trop vite ? (déjà entendu ça) (avant)

#22 — Ce n’est pas une boîte à livres. Rien que trois étagères adossées au mur, dans le hall d’entrée. Canapé à côté d’elles, je fais durer l’instant d’avant séparation. On a tellement passé de temps ensemble. Le seul roman m’ayant arraché des larmes à sa toute dernière phrase. Je l’ai en mains, le serre. Mais je dois le faire. Pour qu’il soit adopté, adoré je l’espère. Je le pose avec délicatesse, bien en vue, pour lui offrir toutes ses chances. Il le mérite.

En quittant le bureau, ce soir, je ne vérifierai pas s’il est toujours là. Le retrouver serait injuste.

Un dernier : « Bonne nuit, Princes du Maine, vous Rois de la Nouvelle-Angleterre. »

De nouveau, des larmes. 

#23 — [fenêtre sur autoroute Aubagne Marseille Aubagne] voiture blanche – camionnette rouge – erion erutiov – ecnalubma – rion retoocs – cnalb euqromer imes – Fiat bleue – eroin tramS [temps imparti écoulé]

#24 — ces sièges ont l’air et la couleur de ceux d’abribus des années 70 — mal aux reins, dos, fesses, ça tangue au moindre mouvement — devenir statue — seul le regard se meut — le docteur N-G ne reçoit qu’un samedi sur deux d’octobre à décembre — note d’information imprimée jet d’encre A4 — le noir d’encre a pâli jauni — le regard se détourne s’il en croise un autre, engager une conversation semble incongru — ici on se doit de rester muet — en attente —

#25 — dix doigts — longs — fins — gymnastiquant des gammes sur clavier — @ Windows quasi olympique — casse la vitesse de croisière — repartir de plus belle — staccato — allégretto — ne pas emmêler les doigts barres de caractère — accord point final — détendre les épaules — voix dans le dos : tu as des mains de pianiste — ah bon ?

#26 [en principe sans adjectifs mais peut-être avec agents de saveur et de texture]

— gouttes sur le pare-brise — phares transpercent la rétine en banderilles — se maudire d’avoir oublié les lunettes — conduire en aveugle — faire fi du danger — pas le choix — pas le temps d’un demi tour l’heure tourne en tic tac led — au ras du nez waze te guide — cramponné à cette bouée de sauvetage dont tu devines les icônes — tu pries pour que cette voix ne soit pas sirène d’Ulysse — pourvu que personne ne pile devant toi — vingt minutes à tenir — enfin, le logo de la banque te sourit — tu le vois enfin — étoile du berger — maintenant l’écran va t’arracher les yeux

#27 — tu vois le dos de lui/toi — assis de guingois — lui/toi, tu penses scoliose à venir ou passée — mal de dos de cou ce soir — lui/toi ne sais pas plus pas encore — devant lui/toi deux écrans — pour ses yeux à lui seul — pour une fois — Excel à droite — des comptes à gauche — lui/toi copie/colle de l’un à l’autre mais pas moi — pour une fois — lui/toi ôte ses/tes lunettes — se frotte les yeux — pas moi — pour une fois, en RTT de moi — lui pas

#28 — le mail vient de tomber putain tu le relis rerelis doutes d’avoir bien compris tu loupes les petits caractères à bien lire enflures enfoirés soi-disant pas d’inquiétude à avoir tu as les compétences ils te virent quand même pas vraiment rupture conventionnelle my ass avec leurs conditions de faux jetons tu vivras comment survivre ou transition d’activité vers l’art traite à taux plein pas pour demain ni après encore des conditions petits caractères à louper pour ne pas les louper enfoirés te prennent la tête ailleurs incapable de la vider putain mais si je pense à rien je m’ennuie

#29 — je n’aurais pas dû ouvrir ce mail observer lui/toi conduire en aveugle martyriser clavier et doigts devenir statue regarder les voitures défiler reliféd — offrir Irving à l’adoption, ça oui — je n’aurais pas dû voir l’oeil du feu verdir ni celui de Big Brother faire ouvrir le sas de l’over-dose me faire offrir un Windows qui a rendu l’âme en trois ans regarder défiler hippique putain de petit vélo qui pédale trop vite olé olé faire rugir le moteur ressasser le passé maintenant que J. va mieux

#30 — l’angle de la maison baille, édenté, des chicots de verre et de métal crissent sous les pas pressés des passants indifférents blasés des accidents fréquents à cet endroit pour une raison inconnue. Plus loin, sur un parking terrain vague, une voiture en sculpture de César, compression d’où émerge un pare-brise étoilé de sang en test de Rorschach — une victime et une famille relogée

#31 —

— ne pas leur faire le plaisir de la colère 

La garder en-dedans — alimenter le moteur de la rage

Non pas en vengeance

Mais en combustible de force

S’en nourrir en tremplin 

Pour mieux rebondir 

Plus haut

Plus vite

Mais la gorge est nouée 

La délier de souriresouvenirs

Jam up 

Jam down

When toast falls

It’s jam all around 

Catch us on the fip side

Wham Bam Thank you Mark

#32 — la tempête s’invite à l’instant où il repose enfin à côté d’elle — vent en rafales et trombes d’eau — parapluinutiles — à l’instant où le texte qu’il a écrit — lui, le il d’elle et de son il initial — est lu en hommage aux deux éternels amoureux — à leur coup de foudre qui s’éternisera  en 64 ans et un mois de mariage — in amore in saecula saeculorum — le il final, seul, orphelin désormais, tourne la tête pour voiler ses larmes qu’un rayon de soleil salue, inattendu, en main sur l’épaule, et lui désigne — l’Est — deux arcs en ciel — un signe — les deux âmes sœurs sont enfin réunies — in saecula saeculorum — et le remercient de leurs sourires en couleurs — il n’a plus froid au cœur

#33 — se rencoquiller en esc@rgot — fermer les écoutilles — casque intra dans les oreilles — inspirer profondément — s’envoler vers J. guérie et planer avec ailes au doux rythme de celle qui l’a nommée — Tears on my pillow / But I will come through / J. I’ll send you all my love / And every single step I take / I take for you / J.

Alors le monde n’existe plus, nous sommes

#34 — J. repartie dans son temps à ailes, l’Open Space découpé en tranches de cake de paravents parloirs muets, [ dans l’Open Space personne ne vous entend hurler ] rythmé en galère du cliquetis étouffé des claviers, étouffant toute velléité de communication, agresse au néon l’œil écarquillé, le cerne [les cernes viendront demain dès l’aube] — je suis assis, entouré de têtes et de corps. Quelle infinie comédie de ronds de cuirs 2.0 !

#35 — J. ne se souvenait plus du prénom de sa mère, réfléchissait un temps infini — mémoire incapable de se fixer sur un point précis — avant d’appeler C. d’une voix désincarnée « Marie », avait oublié jusqu’à comment marcher, ses yeux tanguaient autant que sa démarche, la main molle, ailleurs que dans celle de C. qui la conduisait à la voiture — il y avait urgence — du haut de son balcon, la voisine la regarda partir et lâcha un triste : « la petite, elle ne sera plus comme avant. »

#36 — [se munir d’aspirine et d’une boussole] — une montre connectée, l’heure, un dos, des reins, un vieux, soupir, parquet, escalier provençal, casse-gueule, rambarde, carrelage, nez de marche, grince, dernière marche, traître, carrelage du salon, frais, froid, porte verrière, industriel, plan de travail, bois blond, chaud, cafetière, Nespresso, what else, trois sucres, trop, pain au chocolat, chocolatine, là est la question, télécommande, trois volets roulants, synchro à revoir, bruit de wagons de marchandises, ciel voilé, voir note #5, mug noir et jaune, chaise enveloppante, un dos, des reins, un vieux, soupir, baie vitrée, regard, piscine, vide, hiver, olivier, mistral, le vent, précision pour ceux du fond, mug noir et jaune, cuillère, lunettes, loupe, un vieux, soupir, iPhone, étui à lunettes, repose livre 2.0, multitâches, un doigt, une tache, ne pas déranger, index, concentration, Gmail, consigne, point d’interrogation, inventaire, Perec, point d’interrogation, neurones, synchronisation à revoir, café tiède, WhatsApp, un doigt, une tache, notification, pub, un doigt, une tache, la paix, vapoteuse, tête ailleurs, myopie, lunettes, Docs, un doigt, bas, clavier tactile, un doigt, des lettres, arrêt sur image, des taches, un doigt, enregistré, swipe, heure, lapin d’Alice, gamelle métallique, chien, berger allemand à poils longs, fête, sourire, moi, lui, croquettes, bouffe, bâfre, attend, heure, lapin d’Alice et dix, retard, télécommande, véranda, volets roulants, ciel voilé #2 le retour, cuisine, Nespresso, lavasse, what else, chaise salon, dos reins un vieux soupir, tempus fugit, comptes, trois, vert, bleu, rouge, drapeau du survivre, radeau de la méduse, putain de mail, voir note #29 #31, Docs, clavier tactile taché, dix lignes, enregistré, swipe haut, hasta la vista baby, Livres, 29 en 2022, statistique, rire, bêtise, modèle économique de la performance, ridicule, Blackwater, dix minutes, à la fin de l’envoi je tache, rangement, escalier provençal, casse gueule, poumons, souffle court, un vieux, soupir, accélération anti retard vaine, douche, dents, fringues, pas de costards, dress code, oubliette, jean, baskets, t-shirt, pull noir, ah ça ira, putain de mail, voir notes #28, #29 #31, escalier provençal, casse gueule, blouson, clés, alarme, voir notes #1, #13, #14, #16 #17, #26, #27, #23, #22, #28, #29, #31, #33, #34, pause, Google News, voir note #30, fil d’Ariane, café, voir note #36, pensée, voir note # 32, involution, voir notes #2, #3, #35, #09, #10, #11, #24, téléphone, voix, J. —

#37 — « Ceci n’est pas pour vous »

C’est du par cœur ? C’est tout ? Mais tu as une mémoire de poisson rouge, toi. 

— Bah non, elle est même plutôt bonne. 

— Tu avoueras quand même que c’est un poil court, non ?

— Non. 

— Non ?

— Non, parce que ça induit, insinue beaucoup de choses quand tu as lu le bouquin. 

— Ça vient d’où ?

— La maison des feuilles. 

— Ah ouais, tu m’en as parlé des tonnes de fois, de ce truc qui se lit dans tous les sens. Tu l’as lu quand, déjà ?

— La première fois ?

— Bah oui. 

— Je demande parce que je l’ai tellement lu et relu et disséqué que je le connais par cœur. 

— Ça saute aux yeux…

— Laisse tomber, tu peux pas comprendre tant que tu l’as pas lu. 

— Donc, c’était quand ?

— 2002, première édition. J’avais chopé, comment ça s’appelle déjà, ah oui, la varicelle. Le médecin était mort de rire. De nous cinq, je te rappelle que je suis le plus âgé à la maison. J. avait neuf ans et en avait gentiment fait cadeau à tout le monde. Avec son traitement, fallait quand même faire gaffe, qu’il a dit, on surveillait donc que ses crises ne durent pas trop longtemps. Bref, il m’a dit : à votre âge, vous allez sacrément déguster. 

— Ça a été le cas ?

— M’en suis pas remis. 

— De la varicelle ? Quand même…

— Mais non, de ce bouquin. Tu suis ou pas ?

— Je demanderais pas mieux mais t’avoueras que t’es pas du genre facile à suivre. 

— C’est parce que tu raisonnes pas en arborescence. 

— Si tu le dis. Et c’est là que tu as commencé à écrire ?

— J’avais trop de fièvre, incapable de taper trois mots. 

— Je reformule. C’est après avoir lu ce.. machin que tu t’es mis à écrire. 

— C’est pas un machin, c’est une œuvre d’art, plusieurs récits enchâssés, des énigmes, des jeux…

— Y a des Sudokus dedans ?

— Des sud… Je t’ai dit que c’était une œuvre d’art ! Pas un magazine de jeux. C’est conçu comme un film, tu vois. Et le mot maison est en bleu. 

— Donc tu t’es mis à écrire aussi des Sud… des maisons en bleu ?

— J’avais commencé des années avant, mais rien d’ébouriffant. Des trucs pour séduire les filles quand j’avais 18 ans, des trucs fantastique dans des carnets à spirale. Y en avait un, MB 03, qui se passait dans le métro. Un truc à la Stephen King, en plus nul. 

— Et après la maison en bleu ?

— Y a pas que le mot maison en bleu, dans La maison des feuilles. Y a aussi Minotaure en rouge. 

— Deux bonnes raisons de le lire ?

— Trois. 

— D’acc… Comment ça, trois ? Une maison et un Minotaure, ça fait deux. 

— Tout ce qui va par trois a de l’importance. 

— Tu l’as écrit, ça ?

— Pas moi. MZD. Ou Claro. Je sais plus. 

#38 — rêvéveillé d’infini et au-delà des frontières d’un monde à refaire rêver d’ailleurs où les rêves redeviennent, au réveil, rêveils. Utopie ? À vous voir songeurs et sourire esquissé, j’en rêve avec vous

#39 — CATCH ME IF YOU CAN

#40 — GPS [ G@rp Positioning System ]

Durée du trajet : départ à J+40 — arrivée prévue : indéterminée 

Prenez la note #1. Dans 480 caractères, faites marche arrière jusqu’à la note #2

Repartez ensuite vers la note #3 et suivez la direction de la note #4

Continuez ensuite tout droit jusqu’à la note #5

Police sur votre trajet, ralentissez à la note #6

Fin de limitation de vitesse le long du trajet note #7 et #8

Faites une pause parvenu à la note #9 — relisez-vous lentement

Revoyez votre trajet note #10 à #12

Redémarrez note #13 et #14 puis prenez la première sortie en direction de l’autoroute des notes #15 à #18

Prenez la sortie note #19 jusqu’au péage note #20

Continuez sur note #21 puis note #22 et traversez les deux voies note #23

Marquez l’arrêt au croisement note #24 et #25

Attention, mauvaises conditions météorologiques sur note #26

Aire de repos en note #27 — soufflez cinq minutes 

Vous pouvez lire vos messages sur votre smartphone uniquement à l’arrêt — note #28 et #29 et consulter les infos note #30

Faites le plein note #31

Remontez-vous le moral après la note #32

Ne ressassez pas trop le passé jusqu’à la note #35

Vous trouverez des indications pour saisir l’histoire cachée derrière certaines notes en changeant d’itinéraire et en suivant les panneaux des notes en fin de note #36 — feux de croisement nécessaires 

Petite introspection note #37 et #38

La note #39 n’existe pas 

Vous êtes arrivé à destination. 

Ne coupez pas le contact. 

A propos de g@rp

Longtemps écrivain de tiroir, g@rp éclot sur Internet en 2002. Son nom apparaît dans les remerciements de Claro, traducteur des « Lettres de Pelafina » (annexe de La Maison des feuilles) de Mark Z. Danielewski (Denoël), puis il mûrit sur Darbraleph.org où ses nouvelles sont publiées en ligne, au coeur d’un véritable labyrinthe à vocation ludique et artistique dont il réalise l’index. En juillet 2004, « 6H50 corniche Kennedy » est sélectionnée à l’occasion du concours « Nouvelles sur la ville » par la rédaction du quotidien 20minutes, qui la publie à raison d’un chapitre par jour. Depuis, ce gastéropode marseillais encoquillé, inconditionnel de Claro et Fabrice Colin, dont il a été un des relecteurs, a notamment publié "Motel et autres légendes urbaines", "Locked-In-Syndrome", et revendique l’appellation d’origine incontrôlée : "auteur labyrinthique bourré de TOC"

179 commentaires à propos de “Carnet Individuel | g@rp”

    • Merci à vous !
      Une chose me tarabuste dans ces notes enchaînées au fil des consignes de François : que va devenir ce feu rouge/vert du #1 ?
      Comment y revenir, à présent (sic) que le passé refait surface ?

  1. Merci d’avoir lu ces trois | datant de plus de 20 ans | intense effort de mémoire pour | les remercier aujourd’hui encore |

  2. je découvre l’enchainement des jours: J comme jours avec un feu qui n’y était pas avant, une bibliothèque refuge où coule une rivière, des visages sans nom où s’attarder et le bruit d’un caisson, un labyrinthe et une maison de feuilles blanches … Je découvre le plaisir et l’émotion de vous lire

    • Touché, très, par votre commentaire qui réchauffe et encourage, ô combien, à poursuivre [même si c’est, en somme, remuer le couteau dans la plaie pour mieux la suturer]
      Merci infiniment.

  3. beaucoup d’émotion et de pudeur dans vos textes
    de la brume de l’espoir toujours, une maison des feuilles blanches enfin

  4. Oh merci pour ce/s mot/s si juste. De l’espoir. Toujours. Ne pas baisser les bras même si le sentiment de culpabilité prédomine, à tort, et marque profondément. Ces 40 sont ce qu’il me fallait pour enfin arriver à vider le trop plein.
    Plus de vingt ans après.
    Chacun des commentaires me motive.
    Merci à toutétous.

  5. taleur je me demandais comment se nommait ce petit fil-collier attaché des deux bouts au truc qu’il est censé asservir au poignet : c’est une dragonne (elle a des dragonneaux, je subodore – un seul dragonnal ? comme à Barcelone l’avenue ? euh non) (on suit) (merci)

  6. La 15 : oh putain, en effet, je sais combien ça met mal à l’aise. On a envie de laisser la notice à la suite du texte.

  7. C’est marrant quasiment tous ces textes intègrent ici la présence familière d’autres êtres humains auxquels il est fait référence par des initiales et des descriptions de corps ou de visage. A l’inverse je me rends compte que les miens sont tout à fait dépeuplés ou peuplés de créatures et d’ectoplasmes.

    • en effet, mais ce n’est pas tout à fait innocent, puisque forme d’exorcisme d’un passé qui hante – j’espère que vos ectoplasmes ne sont que fictionnels.
      Merci pour votre lecture et vos mots.

  8. (Putain) cet oeil rouge il verdit… ça bondit et ça file! même le petit vélo de Marseille (olé)

  9. bonjour g@rp et Marseille, pas loin
    merci d’être passée par mes pages et bien contente de découvrir ici sans trop savoir qui se cache derrière ce drôle de nom…
    présence forte du feu et de la voiture

    • Merci Brigitte
      Sais pas pourquoi, mais en lisant la consigne l’image d’une course de chevaux s’est imposée. Pour rigoler, j’ai rigolé | transpiré aussi après avoir interverti toque et casaque

  10. Bonsoir g@rp,
    J’ai découvert votre commentaire ce soir sur mon carnet et j’ai souri… puis, curieuse, j’ai lu le vôtre qui m’a beaucoup émue. Votre style, vos marques d’amour et vos évasions me laissent une douce impression de familiarité. Merci beaucoup.

  11. Le grand défilé ( collection automne?) des casaques et des breeches éperonne et fait chanter les mots ( ça zitrone et ça clarks)

  12. Merci.., L’aléatoire de la mémoire fait très bien les choses à vous lire … mais attention au torticolis pour attraper la couleur du feu ça complique , ( par ici ce ne doit pas être l’été )

    • Merci !
      Promis, je serai vigilant quand le feu passera au vert — mais ça n’a pas l’air d’être pour aujourd’hui 😉

    • merci Brigitte 🙂
      pas certain, trop de blabla et de bruits, je pense.
      je cogite, je cogite, mais la nuit porte conseil – de même que les trajets en voiture vers boulot quand les bouchons s’invitent (après feu rouge 😉 )

  13. Touchée par vos commentaires sur mon carnet, suis allée découvrir le vôtre. Beaucoup d’émotion dans vos textes, j’aime beaucoup l’écriture ! Et ce récit qui se tisse par l’enchaînement de jour en jour !

  14. scène qui nous saisit, mains/doigts qui devance qui ? par ici aussi avec caches en hauteurs dans le grand couloir de La Chapelle… Merci

    • Merci de ta visite et de ces mots (surveillés partout, tout le temps, même sur la toile si on ne prend pas certaines précautions – c’est le progrès — et c’est parfois pénible, c’est vrai)

    • Merci Brigitte (ce petit vélo, oui, il devrait faire attention, même s’il est déjà passé par ce carnet — et y repassera certainement, si l’occasion se présente)

  15. Enfin, je trouve ton carnet (je suis pas très fortiche pour trouver quelque chose sur internet) ! John Irving a été parmi mes premières souleries de lecture, de ne plus pouvoir en lire après avoir bu d’un trait Le monde selon (toi) et autres. (Pour la référence, je précise que je suis quand même aller vérifier sur internet…) Bel effort d’amputation.

    • Merci !
      Irving, tout comme toi, tout dévoré jusqu’à saturer – me suis arrêté à | vérification en cours dans babelothèque | Je te retrouverai, pas pu le terminer.
      Ça fait quand même une belle brochette d’ours et de catch 😉

  16. Ce soir c’est moi qui vient sur tes terres. Jamais lu Irving. Je pensais à Shakespeare. Juste dire que j’ai été touché par ton geste, ton don de ce livre. Merci.

    • Merci de ton passage.
      Ce livre, je l’ai souvent offert, jamais donné ainsi, à qui souhaitera l’adopter. Ça n’a pas été facile.
      Mais je le rachèterai.
      Irving est à découvrir.
      Une prière pour Owen est peut-être bien pour commencer.

  17. Ça fait du bien de retrouver des notes que j’ai déjà repérées dans mes lectures quotidiennes.
    Ton carnet est un vrai plaisir à lire. Merci.

  18. Oui, l’attente est forcément muette sinon ce n’est plus une attente. À moins d’attendre le silence ? Surtout quand il pleut… Merci.

    • Exactement.
      Merci, F. 😉
      (il y a d’autres salles d’attente dans d’autres carnets, et chaque attente y est différente – il me tarde de lire la compile !)

  19. Ah mais oui, ce silence inhérent à l’attente, le rendez-vous médical impossible à trouver, service déconnecté une semaine sur deux (affolant !!), et cette restitution attentive de ce qui presse à être, à agir, comme on se conforme à des choses presque absurdes parce qu »‘il faut bien »… ce vertige social ! et suis allée découvrir votre site, c’est inouï, totalement décalé, comme rituel vaudou, extra !!

  20. « le noir d’encre a pâli jauni » ce qui s’accroche dans cette attente qui se détourne… (c’est si juste)

    • Le pire, c’est qu’il ne réimprime ja-mais (encore vérifié semaine dernière)
      Avantage : ça arrache un sourire qui meuble l’attente.
      Merci renouvelé, Nathalie

  21. de la salle d’attente et des ambiances jaunâtres… je vois bien dans certaines les jouets pour enfants et les chut vient t’assoir/fait moins de bruit que quelqu’une dit en tournant la page du magazine… Sont bizarres ces lieux et l’ambiance tombe bien dessus.

    • il est vrai que selon le médecin attendu, l’ambiance n’est pas toujours la même. Chez le généraliste, c’est curieux, plus de jouets pour enfants — chez le pédiatre, oui. Chaque salle d’attente mériterait un carnet.
      Très touché de votre passage, Jacques.

  22. aussi essentiels que es lèvres (mais suis un peu en guerre avec eux et viens de retaper deux fois chaque mot, sauf les cinq derniers 🙂 ne pas emmêler les doigts et pourtant les miens sont tout sauf longs)

  23. des doigts (de pianistes) gymnastiquent ( gymnopédient?) : des doigts à l’œuvre ou comment faire coïncider lettre et consigne

  24. la #25 me rappelle les exercices que je faisais il y a longtemps sur le clavier lors de la parution des premiers Mac pour bien apprendre à taper !!
    c’était amusant et on progressait vite
    je n’ai jamais regretté d’atteindre cette aisance !
    salut g@rp

    • Merci Françoise
      Perso, c’était sur machine à écrire (même pas électrique, c’est dire) avec la méthode des dactylos ouverte à droite pour suivre les exercices — ça date — et quand j’ai commencé à travailler, les claviers étaient… Qwerty — fashion faux pas ^ ^

    • merci Brigitte 🙂
      (mais journée difficile — yeux flingués commencent seulement à respirer d’avoir retrouvé lunettes)

    • ^ ^
      Il faut dire que 15 km pour aller travailler, 15 pour revenir, avec bouchons, la voiture devient quasi seconde maison — merci de votre passage ici — très touché

  25. Lui/toi lui pas … avec et sans lunettes. Comme une charade à danser d’un pied sur l’autre ! Merci

  26. Beaucoup aimé le lui/toi. Pour soulager scoliose étirements latéraux debout jambes croisées. Jambe droite croisée devant jambe gauche pieds écartés. Lever le bras droit contre l’oreille et se pencher à gauche en expirant. Et changer de coté. Et à quatre pattes posture du chat dos rond, tête rentrée expire. Dos légèrement creusé tête levée inspire. Le mouvement part du basculement du bassin et oriente la colonne vertébrale. Ensuite dos plat à quatre patte tendre bras droit contre l’oreille et déplier jambe gauche parallèle au sol. S’étirer sur quelques respirations et changer de coté.
    Mais parfois certaines scolioses permettent aussi d’écrire. Merci.

  27. Emouvant carnet, avec beaucoup de sourires (boum, vélo), très vivant, imagé.

    J’allais poser la question du pseudo, surtout en lisant « Bonne nuit, Princes du Maine, vous Rois de la Nouvelle-Angleterre » mais après avoir lu les commentaires, je crois que je faisais fausse route (La maison des feuilles ?) Irving a été un vrai coup de coeur quand j’étais jeune (j’ai tout lu je crois).

    Bref lecture jubilatoire (j’ai bien aimé « avec agents de saveur et de texture », paragraphe drôle aussi).

    • merci pour cette lecture et ces mots — ah, le pseudo vient effectivement de Irving mais à gagné son @ lors d’une, disons, dissection de La maison des feuilles de Mark Z Danielewski, traduction Claro, et rééditée magistralement par Monsieur Toussaint Louverture récemment — 20 ans après la première édition. Oeuvre d’art labyrinthique à souhait, une lecture qu’on n’oublie pas.

  28. « … mais si je pense à rien je m’ennuie  » ça c’est une question que l’art peut traiter … ( quelle pression quelle angoisse ils mettent )

  29. et toujours ce mail qui t’obsède dans la #29 même si tu voudrais que non… et pas mal d’éléments qui nous manquent pour tout comprendre des pistes que tu ouvres là, plein champ…
    (des développements pour la suite peut être… demain ou un autre jour)
    soutien toujours

    • merci Françoise, touché, toujours
      ai tenté de rembobiner cette #29 vers ce que j’avais en tête dès les premières — il y a des cailloux de Petit Poucet par endroits — à voir si j’arriverai à, au fil des consignes de François

  30. pas subir , prendre les rennes changer de regard
    tput çà à pratiquer autant que possible
    se dire « c’est de mon fait » et alors on gagne en liberté
    je me dis tout ça et parfois ça marche
    plaisir de te lire toujours

    • merci infiniment, Brigitte, ça m’aide à ne pas regretter (et merci aussi pour votre fidélité qui pousse à continuer — même si parfois pas évident avec le quotidien qui appuie là où ça fait mal)

  31. Jolie la double vue, fait divers et art, et retomber sur l’essentiel de l’info. Bien vu, touché.

    • touché aussi par tes mots et ton passage — merci JLuc
      me demande si je n’ai pas vu le même fait d’hiver abordé différemment dans un autre carnet (jeune homme de 18 ans à la sortie du village — j’attends la compile pour voir

      • j’ai vu passer au moins un doublon de fait divers et ça va être chouette de lire doublon triplon et quatruplon comme exercices de style 🙂

    • Ému de votre passage et de ce plaisir à lire ce carnet — j’en suis toujours surpris.
      Merci, Gracia — et heureux d’avoir découvert votre carnet en retour

  32. ne pas montrer la colère sauf quand c’est celle d’une foule qui fera trembler, sans quoi la colère est considérée comme une faiblesse, la garder et s’en armer (facile à dire 🙂 )

    • très touché — merci Gracia — malheureusement, conditions d’enregistrement déplorables (c’était un essai, mais je ne regrette rien)

  33. Je vous découvre à mon tour. Un carnet à la fois grave et facétieux ! Votre écriture m’a surprise, m’a fait sourire, rire, et puis m’a émue aussi. Et ce combustible ah ce combustible le faire exploser au-dehors aussi à la face de ceux à cause de qui. Malgré la gorge nouée.

    • merci infiniment Brigitte
      (photo : novembre, Saint-Sauvant — trop loin d’ici, hélas — mais y retournerai — pour eux deux)

  34. l’eau puis la lumière en arc doublement de l’autre côté du mur d’enceinte. Ces coïncidences qui font signe… avec l’image et surtout par les mots être touchée. Merci

  35. Tears on my pillow, souvenir très vague et confus. Peut-être pas celles auxquelles tu penses. L’exact appel du vide. Souffle.

  36. Les mots de Brigitte ( entrer dans cette coquille conque être là se tenir au plus près) s’envoler immobile écouter battre les mots

    • Rassure-toi, je n’en ai pas terminé avec J. — j’espère juste que les consignes de François me permettront de… dire.
      Merci d’être toujours là, Françoise

  37. Ben non, n’en termine pas avec J. ! Je gratte un indice, infinie comédie ? Sinon, un peu dans le brouillard. Mais agréablement.

  38. Gorge nouée à la lecture de 32-33. J. doux fantôme qui hante ce carnet et votre écriture.
    Et la 34… là encore talent à croquer notre monde absurde et dérisoire…
    Merci g@rp !

  39. J’ai décroché mais j’aime ça. L’impression de me balader dans un monde parallèle. La livraison quotidienne, du coup, prend une tournure pleine d’espoirs, entre ceux de tenter de comprendre quelque chose et le dévoilement d’un détail qui mettrait sur la voie. Comme lire avec la tête dans une bouteille (jamais essayé, ceci dit).

    • Merci JLuc — mais la tête dans la bouteille, hein
      Il y a des indices un peu partout — un mot, une fois, dans un carnet — d’autres ailleurs — mais c’est décousu — va falloir recoudre 😉

    • Bien vu, Brigitte — mais pas certain d’être arrivé à ce que je souhaitais —malgré les indices des précédents carnets —plus que 5 pour tenter de raccrocher les wagons — et le petit vélo qui pédale trop vite

  40. dans la #35 comme une douce et inquiétante transparence…
    très bien mené, très beau
    et bien vu le fait de faire appel à quelqu’un de proche, un frère ou une sœur qui peut-être lui ou elle se souvient

    (je ne t’oublie pas mais vais être plus incertaine dans les jours qui viennent…)

    • douloureux, la clavicule — ce qui est traitre, ce sont les marches côté mur, plus étroites, et la dernière marche en marbre beige, qui ressort mal sur le carrelage du salon — l’ait souvent ratée — merci de votre passage, Brigitte (et non, pas si vieille — vos notes le prouvent)

  41. #36 pas besoin d’aspirine et je suis plutôt bonne en orientation
    et puis tout de suite l’odeur de la chocolatine ! alors on te suit à la trace dans ton labyrinthe entre chien et lapin
    (et toutes ces références aux notes précédentes qui viennent nous perdre encore un peu plus… superbe idée)

    • merci Françoise — heureux que tu ne sois pas trop perdue — les références aux notes servent de guide pour reconstituer une histoire — celle de J. 😉

  42. Merci pour ce dialogue. En rouge, en bleu et de toutes les couleurs. Merci pour cette immersion au détour d’une conversation. Rafraichissante.

  43. petit passage ce matin par ta maison des feuilles (qu’il faudra bien que je me procure un jour)
    et la #38 tu l’as comme qui dirait esquivée… mais quelle jolie invention que ton « rêvéveillé »

    • Merci Françoise — esquivée, je ne sais pas — possible car mes rêves sont soit farfelus et très perso, soit extrêmement volatiles.

  44. Je trouve que tu t’en sors un peu trop facilement avec ton G@rp Positioning System. Merci en tous les cas pour ces 40.

    • je sais, je me suis aperçu qu’il aurait fallu 40 autres notes — ou faire un epub avec renvois vers les notes importantes — pour pouvoir plus ou moins découvrir ce qui est raconté — mais bon, expérience immense et immenses découvertes, tant de textes, que d’auteurs — comme toi — et ça booste pour reprendre le clavier à mots qui dormait.