#été2023 #14 | Distance.

C’est juste un PMU

Au coin de l’angle de deux rues.

Qui viennent de là où elles arrivent, l’une de l’est peut-être ou serait-ce de l’ouest ? et l’autre du nord, en tout cas, pas du sud.

Elles se croisent juste à l’angle de la même rue, enfin pas vraiment, car il y a un feu rouge pour laisser passer les voitures d’une rue alors que les autres attendent, entre deux trottoirs, face à face, qui regardent la rue, qui les sépare.

Il y plusieurs chaises en fer argentées et des tables bordeaux.

Est assise, une femme. Ses longs cheveux bruns volent dans le vent du matin. Devant elle, un café crème et un petit chocolat à croquer.

Juste à sa droite, dans la pénombre du PMU, se devinent des hommes, accoudés au comptoir, cinq ou six, en jeans et pantalons de travail, tee-shirts débordants de la ceinture et l’un d’entre eux porte un gilet jaune. Ils boivent des cafés et une bière pour l’un d’entre eux.

Elle ne parle pas, eux semblent faire de grands sons et de grands gestes.

Personne ne la regarde sauf le patron qui lui dépose quelques pièces de monnaie sur la table qu’elle attrape pour les mettre dans sa poche.

Elle lui sourit.

Elle tourne la tête et regarde les hommes puis détourne les yeux et se penche vers son café qu’elle tourne avec sa petite cuillère qu’elle porte à sa bouche.

Les hommes sortent en faisant signe au patron derrière le bar et tournent au coin de la rue.

Elle se lève et s’en va dans l’autre direction, son sac à la main.

A propos de Clarence Massiani

J'entre au théâtre dès l'adolescence afin de me donner la parole et dire celle des autres. Je m'aventure au cinéma et à la télévision puis explore l'art de la narration et du collectage de la parole- Depuis 25 ans, je donne corps et voix à tous ces mots à travers des performances, spectacles et écritures littéraires. Publie dans la revue Nectart N°11 en juin 2020 : "l'art de collecter la parole et de rendre visible les invisibles" voir : Cairn, Nectart et son site clarencemassiani.com.

7 commentaires à propos de “#été2023 #14 | Distance.”

  1. Ça fourmille de détails si précis. Les blancs entre les courts paragraphes permettent une vision nette de l’image. Une écriture nette, c’est ça. J’aime beaucoup cette simplicité.

  2. j’allais dire que cette séquence a quelque chose de théâtral, mais pourtant le silence, les gestes sans voix, et on voit parfaitement bien le mouvement de caméra qui nous conduit vers la femme à sa table et l’accompagne jusqu’à la porte
    il a juste le sac qui n’était présent dans la description de la table, du coup le sac prend davantage d’importance dans la scène de fin parce que je me demande d’où il sort, s’il était posé par terre ou sur la chaise à côté, quel genre de sac, de quelle couleur, et je m’interroge sur son contenu…