#carnets #prologue | fleur de peau

Si vous saviez tous ces machins qui me passent par la tête. Tout ce superflu, ces trucs qu’on a habituellement ni l’idée ni même l’envie de penser. Et pourtant ils sont là. Ils s’entassent se bousculent, se marchent dessus. Poussez vous ça déborde.
Je crois que mes carnets c’est plus pour la propreté de la tête, une sorte de papier buvard en quelque sorte. Ça absorbe toutes les bavures.
Ne reste que la belle calligraphie. Manque de bol, je ne suis pas trop douée en terme de calligraphie. Au point souvent de ne pas arriver à me relire. Alors je m’applique sur mes cahiers. Ça joint l’utile à l’agréable. La ligne de mots à copier, les cursives et majuscules, l’accent circonflexe et le point sur le i, le buvard sous le poignet pour que tout reste bien propre.
Seulement parfois tous ces machins dans ma tête reprennent le dessus, il se dissipent, et moi je les écoute un peu trop. Alors j’arrête d’écrire et je dessine parce que ça les fait taire le dessin et puis aussi parce que j’ai le poignet tout crispé d’écrire. Ils se calment un peu quand je dessine, parce que j’ai moins besoin de penser. Par exemple, penser que les « si » n’aiment pas les « rais » où bien que l’accent de la cime est tombé dans l’abîme. Et tous ces trucs qui, quand on y réfléchit un peu, ne veulent pas dire grand chose. Croyez-le ou non il n’y a pas beaucoup de phrases dans mes carnets. Surtout pas de règles, aucun ordre, pas de limites. Pourtant, sans eux, je n’arriverai pas à garder ma tête propre et rangée. Comme elle se doit d’être pour aligner les mots sur la belle page blanche immaculée et un peu impressionnante de mon traitement de texte.