CC licence – Jack Redgate
Les gouttes giclent dans leur cocon sonore, un bourdon mêlé d’ondes et cliquetis. Est-ce qu’on va laisser cette bande ouverte à même la tête – la pièce est bulle maintenant sans sortie, asphyxier l’humeur dedans ? Il faut un effort pour sortir du petit cloaque de non-vue sur grisaille, du rideau d’ombres. L’orage passe. C’est la fin de l’audition. Du bourdon aussi. L’échappée du son sourd et grave pourtant sans gravité objective, un mouvement mélancolique – si on l’avait laissé encrer, entrer dans la brume molle imprécise prête à choir de notre bonne humeur, de notre vitalité vite fléchie sans prise autour d’elle que cet élément-là elle se curve.
Petite cuve de détresse qui était penchée loin plus loin que le geste qu’on était en train de faire, geste-fer qui tenait notre humeur harnachait les ondes vides, maussades, du dessous. Les sécrétions inquiètes coincées dans ce qui les absorbait, leur amenait un bord, les distillait jusqu’à ce que leur texture change. Cette petite cuve de détresse apportée par la pluie si on l’avait laissé encrer nos images, teinter les impressions de teintes et tonalités presque tragiques, alors on serait gorgée d’elle, dans un film que nous avons vu très souvent quand la pluie tombait, quand la vie devait se jouer à l’intérieur d’une pièce, à travers la vitre, à travers la fenêtre. C’est bien là que l’élément se curve. Qu’il bute contre son état propre, le temps qu’il fait, ses montées et descentes de pression qui n’ont rien à voir. Qu’on ne voit pas, qu’on ressent seulement à l’intérieur de nous. L’averse passe, fin de l’audition. De l’audition interne.
C’est le silence qui sèche le dedans en mal de terre, d’air, de lumière. Nous nous sommes assombris avec le manque alors que dehors était plein de pluie. Maintenant le silence, les pépiements d’oiseaux alertes, fous d’humidité sur chaque feuille et d’une multitude de possibles. Nous, le bleu franc et un nuage lumineux ouvrent une vue. La bulle perce, la fin de l’averse nous délivre d’un enfermement passager. Soudain l’ombre des vieilles femmes aux fenêtres, leur vie domestique, leur pièces attribuées, tout ce qui était lové dans la simple vitalité fléchie par l’extérieur maussade – on ne sortira pas dehors – s’estompe.
merci d’ouvrir le bal !
Poussée, emmenée par le duo des dames au W : Wajbrot-Woolf et la proposition. Pas long mais ressourçant à écrire. 😊