
pour en finir avec la vie joyeuse, 42
La vie est mauvaise.
Il y a des maladies, des accidents, des opérations.
La vie laisse des cicatrices et vous prend des morceaux. Quelquefois juste dedans, et dehors ça ne se voit pas, sinon dans les yeux, mais dans les yeux oui, dans les yeux ça se voit.
Alors ceux-ci, qui allaient plus lentement, s’éloignaient dans ces grands étalements par quoi la ville progressivement disparaissait, l’énoncé même de l’adresse était déjà se perdre.
Ou bien, dans de grands murs d’enceintes et des bâtiments gris, on les apercevait dans des cours, et parfois dans des cours grillagés.
Ceux qu’on nommait les restes d’hommes n’étaient parfois que des restes d’hommes. Logique qu’on les aide et qu’on les protège : on souffre souvent rien que de les voir.
Mais on se posait quand même la question : si on les installait ici, dans ces cours, ces grillages et les murs, est-ce que c’était pour qu’eux soient mieux, et mieux soignés, ou bien que ce soit nous, qui soyons protégés du regard même ?
Et la carte générale des hommes, à laquelle nous appartenons, n’aurait-elle pu s’appeler en soi : répartition générale des restes d’hommes, où chacun sait bien ce qui en lui fut rongé, scarifié, mutilé, amoindri ou brûlé ?
1ère mise en ligne et dernière modification le 9 mai 2014
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