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2007.09.13 | Sorcy pays blanc, la chaux sur la Meuse

une autre date au hasard :
2007.09.07 | c’était passer sur la mer

Lisant ce matin cet article de Rue89 à propos des « explorateurs urbains », et en particulier le site residues.net, j’en reviens à cette série d’images faites avec mon premier Olympus, et sa toute petite carte mémoire, en 2002 pour le film Paysage Fer.

Une usine qui brièvement, dans le temps d’avant le TGV, avale le train, des deux côtés et par dessus. Jérôme Schlomoff l’avait photographiée au Rolleiflex, pour ce qui deviendrait notre livre 15021 (L’Amourier, 2002).

On avait eu la chance, d’abord de recevoir généreusement l’autorisation (avec Fabrice Cazeneuve et Pierre Bourgeois) de filmer dans l’usine, puis que la neige et le gel ajoutent une immensité blanche à la vallée de la Meuse, en continuité avec le paysage blanc de l’usine.

J’avais suggéré, au montage, qu’on laisse tel quel filer une pleine heure de ce paysage d’usine, associant le plus primitif (la chaux) au plus moderne (ses utilisation comme dépolluant atmosphérique, dans les ballast de TGV, ou pour le papier de nos livres). Fabrice et Pierre avaient d’autre part filmé des portraits en pied, sans parler, des gens rencontrés. C’est la rançon du film documentaire : il en reste une séquence de 8 minutes dans le film. J’insère ici le texte qui l’accompagne, encore plus bref qu’est brève la séquence (j’ai 8 versions successives de ces textes pour la voix off du film) :

Parlez aux contrôleurs, ou à ces jeunes gens qui poussent le chariot de sandwiches et boissons, demandez leur ce qu’ils ont remarqué du bord du train, eux qui font cela trois fois par semaine, dormant à Strasbourg, revenant par Dijon, ils vous diront tous « l’usine à ciment, la cimenterie ». Pourtant, ce qu’on fabrique ici ce n’est pas du ciment, mais de la chaux. A la vitesse du train, exactement vingt-cinq secondes de traversée, après les châteaux d’eau jumeaux. Et soudain, levé jusqu’au ciel, tout un monde blanc vous enserre.
Moi je n’en savais rien. La chaux sert à l’affinage des aciers. Mais au remblai du nouveau TGV, la chaux donnera son élasticité. Dans le papier de mes livres, un ajout de chaux réduit la granulosité. C’est la chaux encore qu’on utilise dans les cheminées d’usine, pour dépolluer ce qu’elles rejettent. Bien de quoi les occuper, à Sorcy, les cent soixante hommes – et quatre femmes, dans leur monde tout en blanc.

François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 13 septembre 2007
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