< Tiers Livre, le journal images : 2019.10.11 | vie sauvage à Luçon

2019.10.11 | vie sauvage à Luçon

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La ville de Luçon, associée à des paysagistes de renom, a décidé l’implantation en son territoire de plusieurs de ces allégories pour méditation artistique. Non pas un lieu vide, mais isoler le lieu vide. Murs des trois côtés, six camions d’enrochement pour le côté dit de méditation, vue pleine face, mais sans possibilité de pénétrer. Pour le quadrilatère ainsi défini : livré à lui-même. Tant de ces plantes parfois sans nom se contentent de quelques fissures dans le béton. Approchez : votre téléphone vibre,portez-le à votre oreille, la voix vous dit de vous arrêter, de regarder. Qu’il s’agit d’une allégorie : à l’intérieur de vous aussi, aménager ces espaces vides, prévoir l’enrochement qui l’isole, ne plus entrer. Les plantes sont les souvenirs, les fissures sont les rêves. Les murs des trois côtés sont le passé, le présent et tout au fond l’avenir, indéchiffrable. Vous aurez gagné, même encerclé par le réel, qu’un espace résistera à toute appropriation. Vous continuez votre chemin, vous vous éloignez, la voix cesse. Maintenant c’est à vous, d’isoler à l’intérieur de vous les possibles terrains vierges. C’est ce qui remplace les anciens jardins publics bien peignés de Luçon,son jardin Dumaine. Le vide urbain est un dispositif optique. Quatre de ces allégories, dans les quatre orientations principales de la ville, tout autour de l’ancienne piscine murée : elle-même a ce rôle. À l’intérieur de vous, des lieux inaccessibles, mais de plus invisibles, parce que murés. En se faisant allégorie, la ville se réouvre à un imaginaire d’aujourd’hui, à la possibilité de liberté intérieur : décrivez la piscine vide murée qui est en vous, et vous la trouverez.

 

 


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 11 octobre 2019
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