< Tiers Livre, le journal images : 2019.12.08 | solitude de la prison à l'arrivée du soir

2019.12.08 | solitude de la prison à l’arrivée du soir

précédent _ suivant

Que ce soit Nanterre, Vivonne ou celle-ci, ces nouvelles prisons sous seing privé, dans leur rationalité d’exil rase campagne, rompent avec l’ancien schéma des murs imbriqués dans le vieux tissu de la ville qui était aussi celui du forfait, ou ces enclaves périphériques qui étaient comme preuve en main l’idée du « ban » qu’on avait dans le mot obsolète de banlieue, à Fleury comme Villepinte, à Osny comme aux Baumettes et tant. Ces configurations géométriques et grillagées bordent l’autoroute qui participe de même géométrie, même technologie, mais toi tu files. L’immobilité ne devient réclusion (idée de) que parce que tu files. S’il n’y avait pas eu l’absence de trains, tu n’aurais pas fait ce voyage imbécile et cher, les 586 km de route droite parce qu’au bout, avec la valise de livres, il y a ce qui compte, pour toi autant que pour elles.eux et qu’il n’y avait pas hésitation sur maintenir. Mais tu la garderas longtemps en tête, la prison de Riom, sous son volcan mort, dans les grandes ombres tombantes de soir et de brume. Seul dans la voiture, le GH5 reste à portée de main, on déclenche au jugé : c’est ici, à l’ordinateur, qu’on fabrique l’image — cette seule question toujours : toi qui ne vois pas, ou si peu, ou si mal, qu’est-ce que le visible qu’on extorque du réel révèle et de toi autant que de lui-même ?

 

 


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 7 décembre 2019
merci aux 388 visiteurs qui ont consacré 1 minute au moins à cette page