C’est une série de photos faites en décembre dernier, et restées depuis dans le disque dur. De ces journées où on s’autorise à photographier sachant qu’on n’exposera jamais publiquement ce qu’on photographie. Saint-Michel en l’Herm, je n’y étais pas revenu depuis cette intense balade d’octobre 2019 avec Antonin Crenn, mais cette fois j’avais fait une vidéo, uniquement cette vidéo — il faut dire que son titre, Que si j’avais mille ans, n’est peut-être pas si explicite, mais quelle leçon aussi qu’un film dans lequel on met 40 fois ce qu’on met dans les vidéos habituelles passe totalement inaperçu, puisque ce n’est pas ce qu’on demande à la chaîne. Savoir parfaitement qu’on a rendez-vous avec ces photos, celles qu’on peut utiliser et celles qu’on gardera sous le voile, et finalement 9 mois ça ne compte pas : on est encore dans l’écho du double tremblement, les formalités qui suivirent et ainsi de suite, ce n’est même pas bouclé encore. Peut-être parce que ces jours-ci me suis enfin lancé dans ce monument littéraire dont je ne savais même pas l’existence, en tout cas ne savais ni le contenu ni l’importance : la correspondance Henri Fournier (futur Alain-Fournier) et Jacques Rivière, et si Saint-Michel en l’Herm revit pour moi chaque fois que je rouvre le Grand Meaulnes (ah, la forge de Jubien), ce continent qu’est le jeune Henri Fournier ne gêne pas le Meaulnes en moi, c’est plutôt comme on lit Jean Santeuil ou le Journal de Kafka. Alors ce matin de décembre, parti de Tours avec le brouillard, la luminosité de l’enfance n’avait levé qu’entrant après Luçon dans les lumières du marais. J’avais à la main le GH5 — la première fois je crois que j’essayais le petit Olympus 12 f2 —, c’est l’appareil seul qui a fait le relevé des 50 ou 60 photos, en voilà 20 ci-dessous.