outils du roman #15 | l’empathie ce sera demain

cycle été 2020 | outils du roman



 image haut de page : Jean Hélion.
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#15, l’empathie ce sera demain


Résumé de la consigne :

 à lire l’ensemble des contributions depuis le début, à mesure que prennent forme les univers, les puzzles encore lacunaires, les projets, émerge avec évidence de point d’estime qui fait socle à notre nécessité d’écriture : on écrit parce qu’on enquête, qu’on respecte, qu’on a dette...

 mais la complexité de l’entreprise romanesque, comme tout fresque, c’est le charroi de toutes les instances qu’elle mêle : l’oeuvre passe avant les personnages — les pièces (et les nouvelles) de Tchékhov, mais il y a tant d’autres exemples, sont sans fond parce que lieu, situation, tension, durée même de ce qui est donné, passent avant les personnages, présentés dans leurs limitations, leurs éventuelles mesquineries, leur inamovibilité...

 il ne s’agit donc pas de construire un personnage négatif, ou haïssable, et encore moins de caricaturer, de lui attribuer le rôle du méchant de l’histoire... ce que je souhaiterais, c’est l’exercice de construire un personnage à côté, ou en dehors, de ce qui nous relie à cette première nécessité de l’écriture...ces galaxies de personnages secondaires qui sont la pâte même de la trame romanesque...

 je m’étends un peu sur le plus symptomatique d’entre eux : Bartleby (si vous n’avez pas chez vous, ma propre traduction en PDF dans l’habituel dossier d’extraits) — pas possible d’avoir un affect pour Bartleby, il le dissoudra, ou le fuira... pas possible non plus de le construire pour ce brave homme de narrateur, malgré sa propre tentative d’empathie pour son scribe qui ne veut rien faire...

Je remercie, toujours dans cette collection Now write, l’écrivaine Kay Sloan pour avoir mis en avant ce concept d’une non empathie dans la construction de personnage, même si de nombreuses approches convergent avec la sienne.

Donc : une pièce manquante du puzzle, une pièce qu’on ne fabriquerait ni ne colorierait pas si elle n’était pas nécessaire à l’ensemble, et pas à l’immédiate nécessité de l’écriture. Mais justement, c’est un des rouages tellement importants du récit en prose, que ces jonctions et ces passages à travailler sans empathie.

D’où mon choix de cette peinture d’Hélion en haut de page : aujourd’hui on s’occupe d’Émile.

Et ne pas oublier le petit codicille !

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 27 septembre 2020
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