#40 jours #02 | plein Est

A l’intérieur, juste derrière, sous la carapace d’architecture de béton, verre, métal. A l’étage 8: Al rentre chez lui au 87 au moment où Kim sort du 83 et longe les portes en enfilades jusqu’à l’ascenseur qui descend. On voit un petit va et vient à cet endroit précis. Puis pendant que l’ascenseur continue de descendre, au 6ème la famille Ankoutris au 67 prend son petit déjeuné, ça sent le café épicé, et Mme Duchel au 65 feuillette un magazine de moto. Andy dort. Mme Duchel qu’on appelle Tati s’inquiète qu’il dorme encore. Juste à côté au 63 Mme Plore travaille à sa table depuis plus d’une heure, elle reprend ses études et doit écrire quelque chose. Son bébé assis par terre, calme, l’observe. Elle ne le voit pas, elle ne l’entend pas. Elle lit et se concentre pour rassembler les informations dans sa tête, pour les réécrire, mieux les comprendre. Et tout son être est engagé vers cette lecture. Son bébé la regarde et tout son être est tendu vers ce qu’il tente d’imaginer à travers ces yeux rivés sur ce livre. Puis il a faim, très faim, mais il ne dit rien, il observe. Un rayon de soleil éblouissant dans le regard de l’enfant rentre dans la cuisine exposée plein Est. A ce moment toute la façade de la barre/immeuble reçoit le soleil en pleine poire et plusieurs volet/store se baissent avec efficacité dans un bruit sec et rapide produisant un rythme aléatoire, certain coince un peu et s’arrête à mi-chemin de la fenêtre et l’on peut voir quelques jambes et gueule d ‘enfants qui apparaissent.

A propos de Aurélia Labayle

Je suis avec vous dans une expérience toute nouvelle. L'écriture pour moi c'est les autres. C'est un geste peu pratiqué, mais beaucoup observé. Sinon je suis d'avantage du corps et de la voix, même du son par mon parcours d'abord de circassienne puis comédienne et musicienne.