#40jours #12 | avancer

Prendre à gauche à la sortie de la résidence, descendre vers la calandrette avec des murs en fer bleu marine, le haut de ses panneaux pliés à 45° pour dissuader d’escalader cette clôture, pas de poignée sur le portail, le nom de l’école percé dans le fer du montant.

Avancer car il y a de la route jusqu’au centre-ville.

Longer la cité, le coin poubelles n’est plus qu’espace, où sont passé les containers, plus loin le coin du guetteur, jamais le même, de toutes façons ne pas regarder pour ne pas provoquer, les quelques commerces en surplomb, la carotte du tabac n’est plus allumée depuis longtemps, la croix verte de la pharmacie n’indique plus la température.

Avancer encore.

Le point chaud est fermé, devant on voit encore les traces de la voiture incendiée, l’empreinte des pneus dans le goudron momentanément fondu par la chaleur, l’odeur est encore perceptible, traverser le dernier bloc, dans un angle entre deux murs 4 boites aux lettres, elles ne sont pas près d’une entrée, elles sont fixées à hauteur d’yeux, c’est le modèle standard attendu par la poste, les portes ont été pliées, tordues, plus de destinataires indiqués, des cannettes de bière sur le dessus et à l’intérieur, celles du dessus s’envoleront au prochain coup de vent et continueront leur vie sur l’asphalte avant qu’une voiture ne les aplatisse en se demandant sur quoi elle a roulé.

Continuer, ne pas perdre le rythme.

Un rideau de fer ouvert sur un garage aménagé, une barre de fer en travers pour indiquer le côté privé, un poteau de réverbère sur lequel il y a une succession de cœurs, une autre école, les murs tellement hauts que l’on ne voit rien, seule la plaque façon marbre funéraire avec lettre d’or indique cet établissement primaire, la piste cyclable commence sur la droite séparée de la rue par une grosse et longue butée en béton.

Passer sous la voie rapide.

Un banc en bois et fer assez standard, envahit de crottes de pigeon, personne n’y prend une pause, on comprend, bientôt le centre-ville après avoir dévié ses pas pour ne pas se faire arroser par la bouche d’incendie qui a été, encore, ouverte.

A propos de Véronique Hilly

Ça commence par une scolarité (lointaine) où écrire tenait du cauchemar. Il y a quelques années une amie propose un atelier d'écriture et pourquoi pas. J'y ai découvert d'avoir un plaisir immense à écrire. Alors je continue !

2 commentaires à propos de “#40jours #12 | avancer”

  1. Merci pour cette avancée dans la ville, cette balade qui me fait penser à des endroits que j’ai traversé. merci pour les détails, les images. Bonne soirée.

  2. Une sorte de lassitude due à l’habitude, quand celle-ci se rapproche d’une fatalité et que l’évidence et la fatalité se confondent dans la vision d’une bouche d’incendie encore ouverte, y a de quoi méditer !