#rectoverso #01 | avec un petit signe d’au-revoir

RECTO

Au milieu de la galerie marchande de carrefour, froide sans tellement de monde ni beaucoup de magasins ouverts non plus, reste le Pil’vite, enseigne lumineuse verte murs peints en jaune très pale. C’est le plus petit des magasins de l’allée, bien rangé, net, fonctionnel, les modèles de clé au mur bien présentés, au dessus, des pendules rondes carrées déstructurées blanche noires, et dorées un peu dépareillées à côté des présentoirs mobiles, carrés, verres transparents, renvoyant les couleurs vertes de l’enseigne, le reflet des passants de la galerie, une gaieté remplie de montres. Modeste, simple avec sa banque minuscule mais bien rangée.

Dehors et dedans ce hall d’une maison de sept étages en reflets. La grande baie vitrée, avec son digicode sur le côté, délimite deux zones face à face, l’une pleine de ce soleil canicule tapant sur l’escalier large et arrondi presque un perron, avec ses huit marches, chauffant les rambardes métalliques à mort. L’autre au sol gris brillant, aux plantes vertes profuses, une fraicheur tendre dans la pénombre ou le soleil n’entre pas. Tout est net, lignes perpendiculaires, hauteur de plafond résonnante, murs couverts de carreaux en faîence. Le silence un peu mystérieux face au bruit et à la chaleur.

Encore en ville et près d’une ancienne briquetterie, ce parking est herbu et ombragé, très bienvenu et étonnant en cet endroit. À l’entrée, un portique sommaire, un tube peint en rouge et blanc, à hauteur d’une voiture, mais pas d’un camping-car, Un grand emplacement bordé d’arbres où toutes les places à l’ombre sont déjà prises. Sur la droite du chemin un jeu de boules où six hommes commencent à s’installer.

VERSO

Les boules commencent à se tamponner, la chaleur n’est pourtant pas encore retombée. On les entend se positionner prendre leurs marques et s’esclaffer. « Joli coup » , «Attends, c’est juste le début ». Deux voitures viennent de se ranger sur le côté, les portières s’ouvrent et trois femmes se déchiffonnent, prennent deux gorgées à leur thermos. « Bonjour les p’tites dames » elles se retournent, les trois en même temps, « bonjour, monsieur », à leur attitude interrogative, vraisemblablement elles ne le connaissent pas. Un homme en vélo passe avec son panier de pêcheur…Il y aurait de l’eau pas trop loin ? Un enfant passe en courant « Regarde ce que j’ai trouvé, là par terre, qu’est-ce que c’est ?» il est déjà loin. Les trois femmes sont toujours à côté de leur voiture et se sont animées, elles se connaissent bien, cela se voit et l’homme à la casquette s’en va, avec un petit signe d’au-revoir.

2 commentaires à propos de “#rectoverso #01 | avec un petit signe d’au-revoir”

  1. Bonjour Simone
    J’aime beaucoup le choix de la première enseigne, typique de ces lieux qu’on voit sans les voir d’habitude. Et je trouve que tu as trouvé l’exacte distance avec tes personnages du verso.

    • Merci, Roselyne. L’exacte distance avec les personnages, ça me fait très plaisir. Je t’embrasse bien fort.