autobiographies #07 | en voilà

Il y a la lourde et imposante armoire de la grand-mère. Trois portes dont l’une, centrale, est dotée d’une glace où se voir. Derrière ces portes, des draps blancs empilés sur plusieurs étagères, un gros sac en toile de jute dont je ne sais la contenance. Hors portée de ma main, des chapeaux étranges portant des fleurs, des oiseaux, des fruits. Deux tiroirs où sont rangés des bijoux et autres petites merveilles. Quand je suis malade, j’ai le droit de les voir de plus près, de les toucher. Les portes refermées, l’armoire garde ses secrets. Que font les draps, les chapeaux ? Le quelqu’un dans le sac de jute ? J’entends des voix derrière les portes.

***

Si on passe cette porte, tout de suite à gauche dans ce cagibis, une autre porte celle du placard où est enfermé l’album du petit chat jamais délivré, jamais retrouvé.

La porte HLM de son appartement était criblée de trous et de vis, la faute à une ribambelle de verrous élus domicile sur toute la hauteur du chambranle. Du plus petit au plus gros et du système de verrouillage le plus simple au plus sophistiqué. Il y en avait autant que de boutons à son cardigan. Ces verrous, targettes, loquets étaient sans doute, de piètre réputation puisqu’ Olympe souhaitait en acheter un autre des plus efficace.

Ton œil est remous/ Ton oreille aveuglement/ Ta porte impénétrable. Mais tu es responsable de moi/ Pluie, Vent, Soleil, nous sommes.

L’enseigne Pension de Famille. Location au mois ou à la semaine située dans la coquette avenue de la station thermale promettait une agréable villégiature. Il y avait bien ce portillon à passer d’une couleur indéfinissable -un vert tirant sur un jaune- et ces plates-bandes de fleurs rachitiques courant le long du bâtiment qui surprenaient. Mais on se disait que cette bizarrerie avait un charme désuet plein de promesses. En entrant, le grand hall, sombre et cimenté, impressionnait dans sa nudité. A sa droite, à sa gauche, un long couloir dans la pénombre dont on ne voyait pas la fin. Puis vint le méchant néon éclairant sans pitié les rangées de portes métalliques, toutes identiques sur l’un des côtés du couloir comme autant de cellules pour voyageurs défunts.

Steve aime sa rue. Je suis le Seigneur de cette cité. J’en suis le garant. Il a choisi d’habiter le haut de la ville, aux abords du jardin qui longe l’enceinte de la ville. Sa porte à lui est massive, faite de pierres, faite pour durer, solidement arrimée dans le sol aussi bien qu’ il est arrimé à la boisson. Une palissade faite de cartons lui permet de monter la garde. Steve est invincible aux portes de son domaine.

La maman avait installée son lit dans l’alcôve de la salle à manger. Pas de porte coulissante mais un léger rideau qui voletait à l’approche des pas. Lui, dormait dans sa petite chambre sans se douter que Maman Pégase souvent, le veillait postée derrière sa porte close.

Sous cette chaleur écrasante où aucun souffle d’air ne venait secourir les corps amoindris, la sieste se faisait toutes portes ouvertes. Dans ce silence blanc, seul le compresseur du réfrigérateur bourdonnait.

28. On entre dans Esope par une fente. Malléable, elle reconnaît votre forme et s’adapte à celle-ci composant un passage à votre taille.

… comme la porte promesse la porte naufrage la porte trou de souris la porte voyage la porte paysage la porte blessure la porte trait d’humour Laporte nom connu la porte va-t-en la porte chemin la porte lune la porte armure la porte gomme…

Il arrive quelque part. Sans carte d’identité ni passeport ni pass sanitaire ni origine. Il arrive quelque part. A quelle porte va-t-il frapper ?

Codicille : A partir du 2 ème texte, j'ai tenté l'écriture en prenant comme prétexte, ceux déjà écrits. Par ordre dans ce texte : Mes images/Olympe/Etre/Le cahier d'Aimé/Dans le quartier/Madame Lhure/Choses renversantes/Laville/Je creuse comme/Quoi qui

A propos de Louise George

Diverses professions et celles liées au "livre" comme constantes.

2 commentaires à propos de “autobiographies #07 | en voilà”

  1. … elles sont quelque chose de rond et d’étrangement mystérieux en dépit de la précision ces portes avec cette musique-là ! Merci pour cette ambiance.

    • Merci à toi Christiane. Je me demandais si le « ton » était là vu qu’il s’agit de textes écrits à partir d’autres.