A propos de Nicolas R.

Je vis au Mozambique. Prof doc de hasard (heureux) depuis quelques années. Facteur longtemps. Écrire. Pétrir. Pécrire ? Pécrire v. tr. (3e groupe)

#anthologie #08 | chez soi

M. ne quittait jamais ses gants, il chaussait des patins de velours, à ses genoux il attachait des genouillères en caoutchouc, à ses coudes des coudières faites de la même matière, et sa tête était couverte d’un épais bonnet de laine. Ses portes, insonorisées, en claquant, émettaient un souffle à peine perceptible. Ses meubles n’étaient en rien carrés ni pointus. Continuer la lecture#anthologie #08 | chez soi

#anthologie #07 | phares et réverbère

La lumière des phares s’insinue la nuit dans les vides du volet. On décèle un rythme plus qu’on ne distingue les éléments brièvement éclairés de la chambre. Lumière mobile, jaune plus ou moins blanche, qui s’annonce de loin dans l’encadrement de la fenêtre et se précipite presque soudainement sur les étagères de la bibliothèque et le long du mur jusqu’à Continuer la lecture#anthologie #07 | phares et réverbère

#anthologie #06 | tant pis

Seul n’est qu’un  oh et puis tant pis   la nappe de papier imbibée   c’était ça ou bien     où ?    est-ce que     la musique du supermarché     dans quel sens aller   qui ?    la fête foraine, l’enfant sérieux sur le manège  c’est que le début, d’accord, d’accord   la beauté ne répond   ah quoi bon    parlotte    seul n’est pas non  qu’on me touche, qu’on me caresse    Continuer la lecture#anthologie #06 | tant pis

#anthologie #05 | Grumeaux

Grumeaux, je me disperse, je m’étale, c’est une trainée de moi derrière moi. Je dis, je me livre, délivre-moi. On me lie, je m’encorde, ça se tient. En un sens, ça fait du bien. Tout serré, se rencogner, tête de pioche. Je dis, je me tais, déterre-moi. On me dénude, je prends froid, j’exténue. Je frotte et ça brille pas. Continuer la lecture#anthologie #05 | Grumeaux

#anthologie #04 | habiter

Délimiter, circonscrire, séparer. Sous les draps du lit parental, les enfants. Un dedans. Un dehors. Dedans problématique des grottes. Dehorsforêts profondes,marais sinistres,villes tentaculaires,océans déchaînés,fleuves en crues,plaines à perte de vue,sommets enneigés, Hors de chez soi, l’épreuve. Liseret bleu des collines, ce qu’il y a derrière. Lisières ou frontières. Accueillir ou repousser. Ouvert ou fermé. Et la restanque. Lutte ou accord. Continuer la lecture#anthologie #04 | habiter

#anthologie #03 | máquina

La máquina a été oubliée. Je la vois, toute inutile, dans les débris du chantier.  Máquina qui sert à quoi. À rien pour le moment. Des hommes s’en sont servi et cela a un rapport avec la construction de la maison. Puis ils l’ont oubliée. Elle leur manque peut-être. Peut-être se demandent-ils, où ? qui ? pourquoi ? Peut-être vont-ils devoir racheter une Continuer la lecture#anthologie #03 | máquina

#anthologie #02 I Volutes

Elle s’octroierait une pause dans son ménage quotidien, le temps que les sols sèchent. Assise dans un fauteuil en skaï marron recouvert d’une taie en crochet, elle allumerait sa deuxième cigarette de la matinée. Elle en savourerait la première bouffée en la retenant longuement dans sa cage thoracique puis l’expulserait en un long jet immédiatement happé par un courant d’air Continuer la lecture#anthologie #02 I Volutes

#anthologie #01 | Lyon 03

Lyon 03. Prononcer Lyon zéro trois. Arriver au bureau de poste de Lyon 03 à 5h30. Attacher mon vélo à la rambarde de l’escalier en colimaçon descendant au parking des agents motorisés. Me diriger non vers l’entrée principale, étant aussi quai de déchargement pour les camions postaux, mais vers la porte de service à l’autre extrémité. Longer le quai éclairé Continuer la lecture#anthologie #01 | Lyon 03

#anthologie #prologue | P. Handke

…J’ai frémi. Ai-je frémi ? Je me suis divisé. Je me suis multiplié. D’un j’ai été deux, puis dix, puis mille, puis mille milliers, puis mille milliards, puis un. J’ai tremblé comme une écume. J’ai été informe. J’ai repoussé mes limites. Je me suis propagé. Je me suis contenu. J’ai été contenu. Je me suis organisé. Je me suis agité en Continuer la lecture#anthologie #prologue | P. Handke

#écopoétique #02 | derrière chez moi

Derrière chez moiDevinez quoiIls ont planté des clous rouillés Mon pote Felisberto me met en gardeTu dis pauvreté, mais il y a de l’enfance là-dedans Regarde-lesIls sont pieds nus dans les tessonsAvec de la ficelle et des roseauxIls construisent des cabanesEt rient comme n’importe quels enfants Dans le gruau du béton, ils ont plantéDevinez quoiDes feuilles fanées Leurs maisons de Continuer la lecture#écopoétique #02 | derrière chez moi