Ceux qu’on ne mange pas

Le parfum qui s’insinue. On tourne la tête on cherche du regard on capte enfin la petite guérite aux marrons. Dételée de la grosse voiture, entourée de guirlandes électriques, traversée de passages. Sur la place ça fourmille ça circule ça grouille.

Dans la poêle dans la cuisine nue ça chauffe ça brûle ça éclate. C’est noir c’est brûlé c’est brûlant ça s’effrite, sous l’écorce craquante c’est devenu une purée grège et tendre qui attaque quand même férocement la langue ; le goût étonne et ne récompense pas l’effort.

Glacé sucré transfiguré dans son papier doré, isolé singulier ou brisé émietté, il a gagné en notoriété, il s’est fait luxueux et sacré.

Il y a les autres qu’on ne mange pas. Ceux qu’on ramasse comme des trophées d’une heure et qu’on oublie dans les poches. Des années plus tard on les retrouve on les attend on apprend à les ôter des bogues fraîchement tombées. Ils sont intacts, nourris encore de la sève infusée, tu les prends et les gardes dans la main, une fine poudre blanche humide et fraiche les enveloppe toujours, et tu rejoins l’arbre à travers eux.