RECTO
À ce stade de la nuit, je tourne et retourne dans le lit. Rien, je ne vois rien, je ne peux plus réfléchir , à ce stade, c’est n’importe quoi, pas même un livre à côté de moi, depuis trois ans j’étais responsable de plusieurs équipes du territoire, à Villeurbanne, Grenoble, Clermont-Ferrand, des réunions super, des avancées et …burn out complet.la petite, enfin douze ans quand même vient se glisser dans mon lit, elle a des angoisses qui se frottent aux miennes, Le câlin que je lui fais m’apaise pour deux secondes autant qu’elle.
À ce stade de la nuit, je ne dormirai plus, ces tous derniers jours de classe avant ma retraite prennent une importance démesurée, tant de choses à penser et la nuit va être courte, ce dernier texte pour présenter ce spectacle, je n’y arrive pas, j’écris, recommence et réfléchis, Non mais si je vais y arriver, chatGPT, et voilà, Je range tout et m’endors.
À ce stade de la nuit, là ça m’énerve, je ne dors pas. Je me lève sans faire de bruit, pour prendre un verre d’eau à la cuisine, on déménage tout le temps et pourquoi? Un an à Paris, six mois je crois à Vienne, et maintenant Villeurbanne. Maman m’explique, c’est pour le travail, il fait trop chaud, je m’embrouille. Comme les arbres à la fenêtre qui tourbillonnent dans tous les sens, ça remue se retourne comme moi dans ce lit.
À ce stade de la nuit, il fait très chaud, j’essuie les gouttes de sueur avant qu’elles ne tombent sur le clavier et j’écris : « La canicule vit sa vie comme une malédiction. Quand des réactions fusent, la stupidité des réponses du désastre devient aussi insupportable que ses conséquences dramatiques…ça fait froid dans le dos.» Il fait très chaud dans mon bureau, je termine : « La vie est ailleurs».
À ce stade de la nuit, je suis fatiguée très mais heureuse. Tous ces examens toutes ces réunions me rendent nerveuses, je tourne et retourne dans mon lit, trouve le sommeil et me réveille en sursaut comme si rien ne marchait ni n’aboutissait, mais je le veux et je l’aurai, née femme, je me sens homme. Cette nuit, je sais pourquoi je ne dors pas, avec les copines on est allé voir le spectacle « L’odyssée du Craq » où on se promène dans l’univers avec les pirates queer. Je ne sais plus si j’ai froid ou chaud mais je m’endors.
VERSO
Je ne l’ai pas encore vu, c’est ce soir au Mélies, « Life of Chuck ». Le hasard ou la chance, depuis longtemps je ne vais plus au cinéma. On me prend en voiture, on prend le tram, on arrivera à Marengo, non, elle s’appelle maintenant Place Jean-Jaurès. « Life of Chuck » : Mike Flanagan est maître du fantastique, mais dans ce film, il parle d’un homme ordinaire, Charles Krantz, joué par Tom Hiddleston. Il me semble qu’il va parler de tout ce qui nous trouble et nous empêche de dormir, en ces moments volcaniques de l’été 2025, nos souvenirs et nos regrets aussi, notre enfance, nos amours passés ou à venir, le pas encore venu, l’invisible, comme cette balle de tennis dans Blow up, de Michelangelo Antonioni, une balle invisible qu’on tape frappe et retape encore plus fort, le ballot de nos vies minuscules
Merci Simone. Grand plaisir à vous lire. Et merci pour Blow up.
Merci beaucoup, Ugo.
Simone, contente de te retrouver ici!
J’aime bien ton Verso avec « le ballot de nos vies minuscules »…
Merci, Solange. Tu vois, pour un mois et demi, je tente. J’ai commencé à te lire, je vais aller voir le #3 que tu as écrit.
(l’épisode de la danse sur batterie du milieu est quand même le meilleur, dans « Life of Chuck » mais le film n’est pas si mal- très hollywoodien quand même hein – tu fais bien de retourner au cinéma -content de te savoir là- enfin comme toujours tu fais ce que tu veux) (bonne suite Simone !!)
Piero, je veux le revoir, Life of Chuck, surtout pour cette danse. Bon dimanche à toi.