#enfances #05 | photo de famille

notes sur l’établissage du texte La photo se trouve à portée de main, dans une grande enveloppe de papier kraft glissée au bout d’une rangée de la bibliothèque entre le dernier livre renversé sur la gouttière et le montant en bois. Sur la façade ensoleillée du chai, entre des volets en bois fermés et une niche, se détachent trois silhouettes Continuer la lecture#enfances #05 | photo de famille

#enfances#05 I Surgissements

Sur le blanc laiteux d’un pétale de fleur de Magnolia, une ligne, un cœur gravé se révèle et prend couleur de rouille. Glisser les allumettes en bois à bouts multicolores et brillants du Coloredo1 dans la grille en carton en suivant le modèle choisi… et caresser le résultat du bout des doigts. Le goût sucré des fleurs d’acacias, celui de Continuer la lecture#enfances#05 I Surgissements

#enfances #05 | Tesselles

Des tesselles du passé dénicher une collection de grains de vie sur une carte d’intensités, le tout recousu de fils dorés. Oscillation du petit tamis, en mouvements vifs et horizontaux, pour séparer les gros grains des petits, puis les doigts sur ce front de sable doux, et plus tard le nommer geste d’ange. Vers l’amont, vers l’aval de la rivière Continuer la lecture#enfances #05 | Tesselles

#enfances #04 | Les jeux du corps

Là où les mots ne peuvent être entendus, le corps exulte. Une fillette. Aussi transparente qu’une larme. Ses yeux fouillant les regards perdus au-delà de sa présence. Ce corps, son corps, entend, ce corps, son corps, voit, goûte, sent, touche. Mais ce corps – son corps, cette fillette, elle, moi – n’existe pas. On ne l’entend pas. On ne le Continuer la lecture#enfances #04 | Les jeux du corps

#enfances #03 | épinglée

Epinglée, chassée, voilà ce que l’on fait aux souillons. L’index dressé de la toute puissance a tranché, choisi le châtiment. Mademoiselle m’attrape par le col pour accrocher avec une épingle anglaise le cahier où l’irréparable a été commis. Épinglée, chassée, condamnée à toquer aux différentes classes pour montrer la tâche, le trou, ce qu’il faut surtout ne jamais faire. Pourtant Continuer la lecture#enfances #03 | épinglée

#enfances #04 | confiance

Tenir l’enfant dans les bras. Avec tout l’abandon que lui donne une forte fièvre venue dont ne sait où. Sa fragilité ainsi offerte. Ne pas pouvoir poser l’enfant nulle part. Respirer son souffle. Le guetter avec angoisse. Espérer un mieux.. Toucher le front à intervalles réguliers. Sursauter à chaque quinte de toux épuisante. Vouloir soulager. Être inefficace. Sentir l’enfant rechercher Continuer la lecture#enfances #04 | confiance

#enfances #02 I La boite à couture

Je ne sais pas jeter. Elle non plus. C’était un plaisir d’aller chez elle, d’autant plus grand qu’elle nous laissait fouiller dans ses affaires. Elle s’appelait Marie. Marie Noël. Un nom savoureux. C’était ma grand-mère. Elle aussi était savoureuse, d’une douceur de pain d’épices. La voix veloutée et claire. Comme les yeux. Elle ne savait pas jeter. Ni moi non Continuer la lecture#enfances #02 I La boite à couture

#enfances #01 | Madame Janvois

Madame Janvois Assise derrière la machine à coudre de Grand mère qui est intégrée à la table. Singer, en belle écriture anglaise dorée sur fond noir. Le ronronnement de la machine ressemble à un bruit de wagon. Je suis fascinée par ses bras nues en plein hiver. La chair pend en rideau et tremble un peu quand elle fait glisser Continuer la lecture#enfances #01 | Madame Janvois

#enfances #00 | perdue dans le couloir des chambres

Debout, brûlante dans sa chemise de nuit trempée à essayer de se repérer dans le noire de quel espace, de quelle chambre, de quelle pièce. Depuis combien de temps fixée là, 1 2 3 soleil, à attendre la reprise du mouvement. Elle fait disparaître sa respiration à l’intérieur de son ventre, poitrine collée au dos toute à l’écoute de la respiration Continuer la lecture#enfances #00 | perdue dans le couloir des chambres

#enfances #01 | Madeleine, Yvonne, Éva

Madeleine, longue, ses cheveux gris coupés au carré, la couleur uniforme de ses vêtements. Sa silhouette frileuse sur le perron de La Pergola, c’est le nom de la maison où elle abrite sa grande famille. Ses petits-enfants l’appellent Bonne Maman et je suis jalouse qu’ils aient une grand-mère à nommer, et de ce petit nom qui m’évoque la Comtesse de Ségur. À Continuer la lecture#enfances #01 | Madeleine, Yvonne, Éva