#gestes&usages #03 | Un matin et un autre

Tic Tac

8 heures 32. Je suis en retard. De trois minutes. Encore. Entre le cinquième et le quatrième étage, en rangeant la clé de l’appartement dans la poche de droite de mon blouson : demain mettre le réveil plus tôt. Trois minutes plus tôt. J’attache mon casque de vélo. Ou quatre minutes pour avoir un peu de marge. Ou manger une tartine de moins. Avec le vent du nord peut-être que j’arriverai à l’heure malgré tout. J’avale quatre marches d’un saut et atterris sur le palier du troisième étage. J’entends claquer la porte de Madame Vial et tourner la clé dans la serrure. Et c’est le doute, le même qu’hier matin et avant-hier matin : est-ce que j’ai bien fermé la porte à double tour ? Entre le troisième et le deuxième étage, je lutte contre le toc et accélère la descente. Mais je sens peu à peu ma force faiblir… Et le cambriolage de la voisine et le violon hérité de ma grand-mère et mon ordinateur, les photos, mes cours, des années de travail… Et au premier étage, cette catastrophe mise en regard d’une petite minute de retard supplémentaire. Demi-tour. Je cours dans les escaliers, me propulsant en prenant appui sur la rampe. Bonjour Madame Vial. Oh ! Vous êtes toujours aussi sportive ! me répond Madame Vial attrapant son petit chien et le serrant dans ses bras pour que je ne l’écrase pas dans ma course. Je cherche la clé dans ma poche, la glisse dans la serrure. La porte était fermée à double tour.

Et toc

8 heures 32. Je suis en retard. De trois minutes. Encore. Entre le cinquième et le quatrième étage, en rangeant la clé de l’appartement dans la poche de droite de mon blouson : demain mettre le réveil plus tôt. Trois minutes plus tôt. J’attache mon casque de vélo. Ou quatre minutes pour avoir un peu de marge. Ou manger une tartine de moins. Avec le vent du nord peut-être que j’arriverai à l’heure malgré tout. J’avale quatre marches d’un saut et atterris sur le palier du troisième étage. J’entends claquer la porte de Madame Vial et tourner la clé dans la serrure. Et c’est le doute, le même qu’hier matin et avant-hier matin et avant-avant-hier matin et… : est-ce que j’ai bien fermé la porte à double tour ? Entre le troisième et le deuxième étage, je lutte contre le toc et accélère la descente. Mais je sens peu à peu ma force faiblir… Et le cambriolage de la voisine et le violon hérité de ma grand-mère et mon ordinateur, les photos, mes cours, des années de travail… Et au premier étage, cette catastrophe mise en regard d’une petite minute de retard supplémentaire. Demi-tour. Je cours dans les escaliers, me propulsant en prenant appui sur la rampe. Bonjour Madame Vial. Oh ! Vous êtes toujours aussi sportive ! me répond Madame Vial attrapant son chien et le serrant dans ses bras pour que je ne l’écrase pas dans ma course. Je cherche la clé dans ma poche, la glisse dans la serrure. La porte était fermée à double tour.

A propos de Francesca

J'enseigne le français comme langue étrangère et la littérature dans un établissement scolaire de Lyon. Par ailleurs, j'écris, dans des genres variés, et je participe à la réalisation de courts-métrages documentaires. En ce moment, je co-réalise un film sur le déplacement de trois platanes au centre de Villeurbanne. En 2021, j'ai écrit un mémoire dans le cadre d'un master en écopoétique sur l'hybridité de l'espace contemporain.

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