< Tiers Livre, le journal images : 2021.10.06 | retrouver ce qu'on voit et ce qu'on rêve, que tue la photographie

2021.10.06 | retrouver ce qu’on voit et ce qu’on rêve, que tue la photographie

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Je vais lentement, je vais par étapes. Hier, j’avais dit chercher ici, dans ma soute à photographies, celles qui ressemblaient à des lieux vus en rêve. Probablement ce n’était pas un geste neutre, puisque j’avais noté des rêves avant de construire cette page, et que cette nuit en sont venus d’autres, j’ai branché ma caméra et je les ai lus comme ça, vidéo sans préparation, sept rêves. Alors ce soir j’y retourne. Pourquoi ce qui me fascine dans la photographie c’est qu’elle me donne à voir ce que l’expérience directe du monde ne me permet pas de voir, voyant bien mieux dans les livres ou dans les rêves que dans l’expérience directe du monde ? L’intitulé de l’expérience devenait alors celui-ci : prendre une de ces dizaines et dizaines de journées documentées que comporte mon disque dur LightRoom, et c’est tombé sur le 16 janvier 2008 (c’était un mercredi) et tenter de retrouver, à travers un même filtre LightRoom (la suite des réglages exposition, contraste, hautes lumières, ombres, saturation, blanc, noir, clarté, voile, texture) appliqué à la série de 20 images, s’approcher du plus près de comment je vois le monde quand je le traverse, ou bien quand je le rêve. S’y ajoute un autre élément : on ne manipule pas des images, on manipule le monde nôtre. On manipule les lieux de notre biographie. Ces images me dérangent, mais c’est pour les avoir décalées dans comment je vois et comment je rêve qui me dérange. Aujourd’hui j’ai fait un pas en photographie, en m’en éloignant, justement.

 

 


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 6 octobre 2021
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