« prendre » #00 | le point de vue du grutier

en amorce du nouveau cycle « prendre », une proposition en accès libre



 image haut de page : Charles Sheeler.
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le point de vue du grutier (ou : les jumelles de Marcel Cohen)


Résumé de la consigne :

 proposée en prologue au nouveau cycle « Prendre », cette proposition est d’accès libre, et nous serons heureux, toute cette première semaine (du 29 novembre au 5 décembre) ;

 texte d’appui : ces extraits sont accessibles à tous les abonnés du site, qu’ils participent ou pas au cycle, ils permettent — pour ce cycle comme tous les précédents — d’effectuer soi-même tel ou tel parcours de proposition ; vous pourrez exceptionnellement télécharger ici un extrait du texte cité :

Noter que désormais plus de 120 consignes accessibles en ligne et autant d’extraits pour les accompagner...

Principe :

 dans son livre Détails (2014), le 4ème de la série Faits (2002, 2007, 2010), Marcel Cohen propose un bloc de 7 pages, subdivisé en 14 fragments répertoriés de a à n ;

 j’insiste, quitte à mettre en boucle l’item précédent : Marcel Cohen propose une suite de 14 « vignettes », images animées indépendantes, à des distances différentes, sans lien de continuité ni causalité entre elles, sinon son poste d’observation ;

 j’insiste encore : peut-être vous ne ferez pas 14 vignettes, mais cet exercice n’a d’intérêt que si on en établit 5, voire 6, voire plus –- c’est la répétition, la récurrence de ces images séparées qui refabriquera cette illusion de réel qui nous importe, fragments détachés dans l’air ;

 « compte tenu de l’écrasement de la perspective à travers une paire de jumelles », la première phrase installe de suite le principe optique qui régit ces fragments ;

 le premier, c’est ce qui justifie qu’on ait à se servir de jumelles : d’un point d’observation d’où on découvre le port de Hambourg, observer le ballet des grues et des containers, et l’homme qui de sa petite cabine tout en haut commande à ce ballet ;

 mais il n’y a pas de continuité, à cause des jumelles, entre un point observé et un autre : les jumelles sont braquées successivement sur un groupe d’ouvriers proches (il n’y a pas de hiérarchie entre les images venues du travail et celles de la vie dite civile), puis va glisser sur le bord du fleuve, un enfant qui joue près de l’eau, des visages devenus miniatures derrière la vitre d’un restaurant, un bras qui sort de la fenêtre d’un hôtel ;

 chaque fois, le dispositif optique entraîne 1 l’aplatissement dû à la longue focale, 2 la séparation de l’image d’avec son contexte, 3 l’isolement de ce qu’on voit par rapport à toute association sonore (une voiture qui passe au loin n’émet pas de bruit qui nous parvienne), 4, l’indépendance totale de chacun des 14 fragments numérotés de a à n, qui deviennent pourtant comme des bulles de monde tout entier.

Proposition :

 on a tous eu l’occasion de cette observation fascinée d’une ville vue du ciel ; cela concerne la présence en chaque ville d’une série de ces points d’observation (leur inventaire même, en préparation intérieure, ce n’est pas trois minutes perdues), mais cela concerne aussi nos nouveaux usages récents de représentation dans notre usage au quotidien du monde : par exemple cet outil devenu indispensable qu’est Google Earth (ou ses équivalents russes ou chinois), et la réappropriation artistique qu’en fait par exemple le peintre Philippe Cognée, mais je cite aussi la réappropriation esthétique qu’établit le photographe Meriol Lehmann avec son usage récent du drone pour des compositions abstraites, géométriques ;

 mais nous, on a l’avantage de la fiction : ce que voit un grutier, oui c’est fascinant et déjà présent dans certains romans (Jean Echenoz, notamment) ; juste qu’aujourd’hui, pour cette proposition, vous avez le droit d’installer cette grue là où il vous convient : dans votre quartier, dans un espace industriel ou commercial, très loin ou tout près ?

À vous d’écrire...

 

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1ère mise en ligne 29 novembre 2020 et dernière modification le 30 novembre 2020
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