dialogue #03 | du chien de Patrick Modiano

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dialogue #03 | du chien de Patrick Modiano


Cette vidéo propose :

 on part du constat presque général, dans toute utilisation du dialogue, que son rôle est d’abord d’installer voix, présence, temps, et que pour cela on doit l’évider du côté du sens, l’alléger, laisser résonner ces trois tenseurs hors du flux informatif, l’en dégager ;

 mais ce n’est pas un principe qui « recouvre » l’usage du dialogue, seulement qu’on le constate chez l’ensemble des grand.e.s dialoguistes...

 il n’y a pas d’obligation à ce qu’une œuvre inclue du dialogue : il n’y en a pas chez Lovecraft, par exemple... chez Patrick Modiano, le dialogue, l’adresse parlée d’un personnage à un autre dans le contexte d’une enquête qui ne finit jamais, chaque livre étant l’accompagnement d’un fragment ouvert de cette enquête, a un rôle décisif, central...

 toutefois, c’est comme si chacun de ses livres se positionnait différemment par rapport à l’usage ou l’apparence du dialogue : dans Dora Bruder ou dans Pedigree, l’absence quasi radicale de tout dialogue — dans Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier au contraire une omniprésence conversationnelle, mais sans cesse biaisée par le fait que chaque protagoniste sait que la parole qui lui est adressée est fausse ou incomplète...

 dans Rue des boutiques obscures on a le bon « mix » : des passages entiers où le dialogue est rendu nécessaire par l’apport conversationnel au contenu même de la narration, et dans l’intérieur de ces flux conversationnels ces flux beaucoup plus légers, qui les déchargent, et laissent le temps aux décors, aux voix, aux visages d’exister par eux-mêmes...

 j’ai choisi comme extrait trois passages de Un cirque passe (1992) parce que cet « allègement », ce qui vide le dialogue de son flux informatif, pour ne garder que cette construction de présence, est comme matérialisé dans le récit par ces phrases concernant un chien, le chien qui s’interpose entre le narrateur et son interlocutrice — on apprendra même que le chien s’appelle Raymond.

 rappel : j’insère dans la page sommaire renvoi à d’autres exercices sur le dialogue, dialogue à un seul qui parle à partir de Rencontres avec Samuel beckett de Charles Juliet, ou ah ne me parlez pas de ça à partir de Nathalie Sarraute... n’hésitez pas à aller vous balader dans ces autres cycles...

 parce qu’ici vous allez devoir apporter votre propre matériau : un personnage livre à un autre quelque chose qui en concerne un troisième, une révélation concernant vous-même ou l’un de ces personnages, en tout cas deux personnages présents au récit, et un troisième qui fait l’objet du récit...

 à vous de remonter vers cette scène d’aveu ou révélation : dans le fictionnel (un projet en cours) ou dans l’autobiographie (même et surtout si ce secret ne vous implique pas directement) — les paroles échangées oralement, donc la forme dialogue qu’on convoque, s’en tiendra, ponctuation, couture, élargissement, à ces contenus tenant à voix, musique et temps, hors du flux informatif qui sera le vôtre dans le récit.

C’est ardu ? Oui, mais une exploration volontaire d’un critère sans doute essentiel du dialogue, ce qui fonde sa musicalité en le séparant du récit principal. Et merci Patrick Modiano.

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 8 mai 2022
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