#40jours #30 | Muñoz Molina, fractionnement et expansion

au défi d’un exercice quotidien d’écriture sur 40 jours


 

 

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#40 jours #30 | roman, fractionnement et expansion


Clôture de notre troisième série de dix, juste le souhait d’un exercice plus libre, aux contraintes moins serrées.

Mais susceptible aussi de commencer à rassembler l’éclatement des textes précédents, laisser se former et surnager ce qui pourrait les assembler, définir une direction, une architecture, un livre.

C’est au tout début de cet atelier, lors d’un de nos échanges Zoom que j’ai été mis sur la piste d’un livre que désormais je considère majeur, dont le titre est pris à un vers de Quevedo : Un promeneur solitaire dans la foule d’Antonio Muñoz Molina.

D’abord parce que tout cet énorme projet, qui s’intitule roman consiste en déambulations urbaines, soit dans l’espace (quatre villes principales : Paris, New York, Lisbonne, Madrid) mais aussi dans le temps : la présence permanente des auteurs qui pour lui ont été décisifs, dont Poe, Wilde ou Benjamin entre autres.

Ce qui est impressionnant, dans ce livre de 500 pages (Seuil, 2020, traduction Isabelle Gugnon), c’est l’impression de continuité dans la traversée des thèmes, des lieux, la pulsion romanesque à se refabriquer intérieurement un univers, et une forme éclatée d’une façon singulière.

Entre 700 et 800 blocs paragraphes indépendants, dont la première phrase est imprimée en gras, avec un artifice typographique supplémentaire : tous les mots commencent par une majuscule (voir extrait joint).

Donc rien qui sépare syntaxiquement ni typographiquement cette première phrase du bloc, celle imprimée en gras, du bloc lui-même. Mais elle fonctionne quand même, annonce ou proclamation, définition du champ ou de la visée, comme le titre qu’elle n’est pas.

Je porte toujours attention, même dans le récit ou le roman le plus linéaire à ces organisations visibles ou invisibles des inflexions, structures, coupures. Pas de continuité même géante dans un livre sans que quelque part cela soit identifiable.

Ici, c’est plus qu’identifiable : continuité géante du livre, certes, mais cette phrase en gras en incipit de chaque paragraphe. Pas de table des matières ou index (je ne sais pas si c’est volonté de l’auteur) mais, à feuiller le livre, cela devient une sorte qui quizz gigantesque : 700 inducteurs (dans la vidéo, je dis lanceurs) où chaque fois, dans l’instant où on reçoit le titre, s’interpose entre cette phrase et le corps du paragraphe l’idée de ce que soi-même on écrirait, ce qu’on irait chercher sur ce thème.

Et depuis plusieurs semaines c’est presque un exercice qui me fascine autant que ma lecture du livre lui-même.

Alors, puisqu’on lâche un peu les rênes avant de lancer notre dernière série (mais il se trouve qu’elle commencera en écho de Muñoz Molina), j’en ai simplement recopié, sur les 700 incipits en gras, une trentaine, vous les trouverez ci-joint.

De quoi répondre 30 fois, et examiner seulement rétrospectivement où cela vous embarque, et comment ça rejoint — ou pas — les 29 textes déjà écrits, dans leur éclatement même.

Ou bien considérer la liste, en détourner chaque item, ou bien en recréer d’autres sur le même principe.

Mais attention (on l’a déjà fait !), il ne s’agit pas de produire une liste de titres possibles (pour ces séquences qui s’annulent ensuite dans la continuité), mais bien de rédiger quatre, cinq, dix de ces entrées.

Dans la condition bien sûr que seul le plaisir ou le vertige vous y entraînent.

Donc bonnes écritures.

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 10 juillet 2022
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