#40jours #31 | la ville, film muet et inventé

au défi d’un exercice quotidien d’écriture pendant 40 jours


 

 

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#40 jours #31 | la ville, film muet et inventé


Une proposition d’apparence simple : dans le souvenir imparfait d’une ville, le texte décrit un film muet qui s’y déplace, de jour ou plutôt de nuit (ce serait tellement mieux, la nuit).

Les deux obstacles à surmonter : 1, si ce film est muet, il est pure projection mentale, géométries, formes, vitesse, reflets. 2, ce n’est pas la réalité que le texte décrit, et encore moins une représentation qui tente de se faire passer pour réelle, mais c’est bien ce film, et lui seul, ainsi né du mental, que décrit le texte — laissant ouvertes toutes amplifications, simplifications, distorsions.

L’enjeu : l’énigme de ce premier embryon de construction mentale, où, lestés de nos expériences du réel, de l’oubli et de l’effacement des impressions lacunaires, nous reconstruisons une illusion de réel, que la publication seule (livre, film, perf, peinture ou ce que vous voulez) insèrera en tant que représentation dans les multiples épaisseurs qu’en comporte chaque point précis du réel.

Travailler donc uniquement sur cette constitution mentale d’un objet fantasmatique, le décrire en tant que film — film muet –- on y insiste, mais en se focalisant sur cette constitution elle-même, et non le réel.

Ce processus est au centre de toutes les théories esthétiques, mais celle de Gilbert Simondon dans Imagination et invention (cours de 1965-1966, publié PUF 2008) en est une des plus récentes et percussives. Les travaux de Jacques Rancière, de Jean-Pierre Schefer en font partie.

Pour inaugurer cette quatrième décade de nos exercices, se séparer provisoirement de tout lien avec le réel, l’ignorer superbement, se concentrer sur ces amas flous d’où va naître la représentation, faire que le texte décrive l’état mental de cette constitution, en amont de la publication qui seule lui donnera son effectivité de représentation, par friction et opposition avec le pré-acquis du réel.

Et si on veut se dispenser de tout ce verbiage, on en revient au plus élémentaire de la consigne : c’est un film muet, dans une ville et, peut-être, dans la nuit, et le texte qui s’écrit ne s’occupe que du film, tel que mentalement constitué, et non de la réalité d’où il est issu, ou celle qu’il s’en ira affronter, déplacer et pousser.

Bonnes écritures.

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 11 juillet 2022
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