précédent _ suivant Je me souviens, visitant son atelier, de Philippe Cognée m’expliquant comment, dans le TGV ou autre train, il lui arrivait souvent de prendre en photo tel arrangement de paysage, comme ça, à la va vite, en gardant la fugacité et l’impression de vitesse. Ce socle ou cette strate de son travail l’accompagne comme une permanence, mais d’ordinaire mêlée aux autres strates, le Philippe Cognée dur, celui des inscriptions urbaines. Celui qui vous dit : j’ai toujours travaillé (…)
chronique photos et journal, par François Bon
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2020.06.25 | Philippe Cognée, paysages, cheminées (Chaumont #1)
25 juin 2020, par François Bon -
2020.06.23 | pratique de l’écriture, pratique de la photographie
23 juin 2020, par François Bonprécédent _ suivant
Dans la période où j’ai vraiment commencé l’écriture, de 77 à 83, dans la suite des cahiers pour la plupart détruits, j’ai eu la chance de piger assez vite l’idée de pratique, de répétition. Je ne sais pas où j’en prenais le modèle, puisque ce n’est pas la littérature qui me le proposait (encore que le Journal de Kafka est venu très vite au milieu de la route, ces années-là). Peut-être plutôt à la musique, à Vaccaï, Schradieck, Feuillard (ses Täglische Übungen pour le (…) -
2020.06.22 | kayak autobiographie
22 juin 2020, par François Bonprécédent _ suivant
Des fois, tu te dis que la justification autobiographique d’une brève série d’images n’a d’intérêt que pour toi, parce que tu n’es plus celui-ci, ou bien parce que l’autobiographie même serait un concept qui change selon son point d’énonciation (en tout cas c’est un des critères structurels du travail de Bergounioux, qui compte tant pour moi et comme auteur et comme proche). Après tout, les quelques amis qui sauront décrypter ces photos n’ont pas besoin que tu leur en (…) -
2020.06.21 | beau, 35 fois beau
21 juin 2020, par François Bonprécédent _ suivant
Bon, je vous en mets juste une grosse quinzaine mais croyez-le, j’ai fait 37 photos exactement, puis ensuite j’ai doublé et ne l’ai plus revu, d’où le titre. Si j’étais artiste conceptuel américain ou branché ou les deux, sûr que j’en ferais une oeuvre rémunérable, du mot beau 35 fois promené dans le paysage autoroutier, avec variation sur le paysage. Ça vous donne des idées : partout où le monde n’est pas comme on voudrait, on viendrait y promener le mot qui le (…) -
2020.06.20 | triste comme un métro vide
20 juin 2020, par François BonCombien de fois j’ai rouspété intérieurement, toutes ces années où le RER A m’emmenait en bout de ligne à Cergy (ce n’était pas le cas aujourd’hui, juste un tronçon) des toux qu’on prenait dans la figure, de ne même pas avoir la place de poser les pieds par terre etc. Mais là, ne prennent les chariots de transport collectif que celles et ceux qui ne peuvent pas faire autrement. Je ne dis pas qu’il y a une liesse dans le métro, sinon quelques souvenirs émerveillés d’enfance, mais de Prague à (…)
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2020.06.19 | Montparnasse, gare sous masque
19 juin 2020, par François Bonprécédent _ suivant
Personne ne pourrait m’accuser de ne pas aimer les gares, je les ai assez arpentées, et le définitivement Montparnasse Monde jusqu’à en user le ciment. Mais la découvrir hier matin aussi triste, non. Comme de s’être absentée de sa propre réalité, pour revenir aux jours meilleurs, ou peut-être jamais plus. Alors tu traverses, masqué. Elle se tait, on se tait. Demain (les non Parisiens) je vous montrerai le métro, que vous sachiez. -
2020.06.18 | le danseur de Montparnasse
18 juin 2020, par François Bonprécédent _ suivant
Il faudrait laver le monde, il faudrait lui éclaircir les vitres, toutes les vitres. Lui, il a commencé. Mais seul. Personne même pour le regarder. Il aura fait sa part de travail, tu t’en vas dans les rues tristes : tu aurais quoi, qu’il te faudrait rincer, laver, éclaircir comme il le fait ? Ou laver le ciel même, si on pouvait. -
2020.06.17 | outils, la main absente (marais poitevin #4)
17 juin 2020, par François Bonprécédent _ suivant `
En gros, ces petits musées d’ethnologie rurale ne m’intéressent pas, mais pas du tout. C’est le hapax qui compte ici (ça devait être le premier nom de domaine que je voulais réserver, en 1999, c’était déjà pris alors ça a été remue.net) : événement unique, et non reproductible, qui n’aurait pas dû se produire. On meurt, ce qui vous appartient est dispersé, glisse à d’autres mains ou usages, ou disparaît. À l’inverse, on s’approprie une maison, on vide et on réoccupe (…) -
2020.06.16 | nasses du temps (marais poitevin #3)
16 juin 2020, par François Bonprécédent _ suivant Mon grand-père Biraud Édouard est décédé en 1973 : mais, les dernières années, lui l’instituteur agricole itinérant, l’ancien de Verdun, celui qui avait Poe, Balzac et Verlaine dans son armoire vitrée, il y voyait bien trop peu. Le tramail devait déjà être là, accroché au mur, dans le fenil. Est-ce que son fils Jean s’en est servi ensuite — il n’est plus là non plus pour le dire. Mais le tramail était plus un rituel qu’une pêche : on ne le déploie pas seul. Ce sont (…)
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2020.06.15 | notion d’un abri (marais poitevin #2)
15 juin 2020, par François Bonprécédent _ suivant Bien sûr, avec mes proches, et depuis longtemps, on habite : une maison, son terrain, un quartier, une ville, une région, un pays. Mais à l’intérieur de soi c’est plus ambigu, et renvoie aux mots, aux concepts, qui sont ceux du Combray de Proust — recomposition fictionnelle de plusieurs maisons d’enfance —, du Enfance berlinoise de Walter Benjamin qui ne pouvait pas y revenir, de la page habiter de Perec dans Espèces d’espaces, lui dont l’enfance n’a pas eu de lieu, et (…)