#gestes&usages #09 | le geste d’écrire, avec Michel Butor

un cycle sur l’interaction du corps et du monde


 

#09 | le geste d’écrire, avec Michel Butor


C’était un rendez-vous prévu depuis le départ, un rendez-vous où vont se rejoindre l’ensemble des propositions de ce cycle.

Mais plutôt comme un regard en amont : dans le geste d’écrire, quoi ?

Et pour cela, repartir en arrière : il y a la longue histoire des outils de l’écriture, et l’histoire très dénombrable des sauts techniques de l’écriture, du calame mésopotamien au style romain, de la calligraphie des premiers codex à la plume d’oie qu’aiguise avec son canif Rabelais, et dont Flaubert stocke 120 pour son voyage en Orient, et le Waterman cher à Lovecraft, et nos stylo-billes quatre couleurs. Et le fait majeur qu’aucun de ces outils, aucune de ces surrections techniques, n’est indépendante de son support, horizontal ou oblique, large ou minuscule, feuilles volantes ou cahiers, liasses et ainsi de suite, puisqu’on écrit à la craie sur des tableaux, on brode sur des tissus, on grave sur des pierres.

Impossible de savoir si le texte de Michel Butor (voir les archives du site de Raphaël Monticelli, « Bribes en ligne », ici ou ici ou via mot-clé Butor, est écrit en réponse ou présentation à la première édition de Les gestes de Vilèm Flusser ou pas, et c’est secondaire.

Mais, Butor ou Flusser (télécharger, 2ème document, son chapitre de 8 pages, Le geste d’écrire) ont cette même démarche d’en revenir d’abord aux origines (et étymologies, pour Flusser) du verbe écrire — et, sur Patreon, compte-tenu de son indisponibilité, le PDF complet de Flusser, Les gestes.

Et deuxième strate, qui se superpose à la première : notre propre histoire du geste d’écrire. Nos cahiers, supports, rêveries, premiers essais machine à écrire, passage à l’ordinateur.

Pour Flusser aussi bien que pour Butor, la machine à écrire, dans son usage de composition littéraire, est prise à partie et décortiquée par leur approche du geste d’écrire. On verra que Butor, dès 1996, écrit sur son rapport à l’ordinateur — quelques-uns parmi nous se souviendront de son tout premier site wanadoo !

Alors, c’est une consigne, ou pas une consigne ?

Non, parce que pas besoin, et je l’assume. Après 8 propositions, la 9ème sous forme de « recherche création », comme on dit dans les facs à la mode, mais nous on va flamber, là.

Oui, parce que ci-dessus je vous propose de partir d’une histoire, votre propre histoire via vos successifs outils d’écriture, et ça peut remonter à l’enfance. Ou se glisser très vite dans les gestes et outils de maintenant.

Et ces outils, on s’en saisit du point de vue même de l’écriture : pour la petite machine à écrire portative de mon enfance que je pose sur ma table pour cette vidéo, c’est le geste du coude pour le « retour chariot » et sa relation à René Char. C’est l’univers sonore que déploie chaque outil. C’est la remarque de Vilèm Flusser sur le fait qu’écrivant on pense les mots, mais les doigts articulent des lettres. C’est la remarque de Michel Butor sur la taille de nos supports.

Et puis quoi, c’est mon rôle : la très doucereuse remarque que cette magnifique page de Michel Butor se présente en cinq paragraphes. L’expression le geste d’écrire lui servant d’incipit.

Alors je vous invite vous aussi à articuler votre contribution en cinq paragraphes, et reprendre à votre compte cet incipit !

Plus un très grand, très grand merci pour tous les textes accumulés dans ce cycle. On a voulu aller dans le dérangeant : ce qu’on en rapporte c’est du neuf, et une sacrée base pour continuer.

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 17 mars 2024
merci aux 114 visiteurs qui ont consacré 1 minute au moins à cette page