#40jours #09 | des visages, des corps

Oscar allait jusqu’à la gare à vélo, il montait dans le train, puis dans le bus, une fois arrivé en ville. Le soir, il faisait le chemin inverse. C’était triste de rentrer depuis que maman était partie. Elle était vieille oui, mais ça faisait une présence. Maintenant il mettait le programme qu’il voulait à la télévision, mais ce n’était quand même pas très drôle. Oscar regardait tous les soirs les informations à la télévision espagnole. Son plateau repas sur les genoux serrés, prenant bien garde de ne faire tomber aucune miette.

Léa est amoureuse. Elle attend, elle s’en fout, elle a tout son temps. Elle l’attend à lui, son regard tendre, ses mains de braise. Voilà bien dix minutes qu’elle l’attend, on avait bien dit midi ? Léa est in love, elle s’enlace et se délasse, le corps ouvert, gonflé de désir, prêt à tout. Déjà vingt minutes que Léa fixe la bouche du métro, son haleine a tari. Elle se gratte la gorge, ne sait plus quoi faire de ses membres. Mais Léa l’aime, c’est sûr, il va venir. Une demi-heure de retard, il lui sera arrivé quelque chose, c’est grave, c’est sûr. Léa s’est assise par terre, de grosses larmes coulent sur ses joues rebondies.

Depuis qu’il a été promu, Ben ne voit pas passer la journée : réveil à l’aube, étiremments, café et hop, on allume la machine. Elle ronronne d’être ainsi chouchoutée par son maître : outlook agenda. Un coup d’oeil devant les mails tombés la nuit : la réponse des clients chiliens, la confirmation du rendez-vous de la semaine prochaine à Washington et bien d’autres. Mais Ben voudrait bien prendre son petit déjeuner avant de commencer à bosser. Après 8h il enchainera les réunions en ligne et n’aura plus le temps de répondre à ses messages. Et la présentation à 17h qu’il doit encore revoir. En fait, il n’a pas le temps, il devrait s’y mettre rapidement s’il souhaite organiser au mieux ce voyage qui capote. Il est 21h quand Ben repousse son ordinateur un instant pour aller chauffer des nouilles. Il a oublié de se laver les dents.

Ce n’était qu’un malheureux accident, mais elle était en tort. C’est elle qui avait foncé dans la voiture, qui avait écorché la carrosserie du monsieur. La roue du vélo était pliée, impossible de le faire rouler, il faudrait alors le traîner jusqu’au réparateur. Le monsieur s’est garé sur le côté, avec ses phares en warning, il pouvait la déposer, lui. Il avait ouvert son coffre, il l’avait aidé à y faire entrer le vélo accidenté en lorgnant sur le morceau de chair tendre entre le crop top et le mini short.

Alice voyait les signes. Elle comprenait l’influence des astres sur les comportements. Elle savait soigner par l’application des mains. Elle pouvait rester des heures, concentrée sur les chevilles d’un patient. Ce qu’elle ignorait, c’était remplir le réfrigérateur, se lamentaient ses trois ados.

Teddy avait toujours été sportif, mais quand il a découvert la musculation, c’était la révélation. La salle de gym est devenue sa deuxième maison. Il y allait avant et après le boulot. Son corps a changé, il a gonflé. Teddy fréquentait les autres amateurs de son club, buvait toutes sortes de boissons protéinées. Le dimanche, c’était repos et visite à la famille. Il n’aimait pas les remarques quand il était avec son frère jumeau.

A propos de Irène Garmendia

Lectrice par amour des mots et des histoires. Voyageuse immobile, perdue entre plusieurs langues, a récemment découvert le jeu d'écrire.

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