Silence, respiration, trou, pause, blanc, gouffre; ange passant ce jour de mère ventre ouvert : douze- heure, dit la neige qui entre portant un plat de viande bouillie – toute cette neige en une nuit et noir d’arbres sans voix – mais ce n’est pas l’heure pourtant, papi ne pipe mot et les enfants jouent au ballon avec leur tête : images venues en rêve. Rêve. Sidération. Silence. Ta gueule tu m’entends : ferme là ! parole blanche contre rage de mots : aux cris oppose ton silence . Silence arme de résistance à destruction passive. Jusque sous la torture elle creuse sa terre de silence ; les os, les ongles, les cheveux, un jour ils parleront. Silence de pierres : Rêve de pierre ; corps inachevés de Michel l’ange, bouches corps s’extirpant de la pierre ; caillou tombé de ta poche crevée sans retour jusqu’au silence ; montagne, elle te dévisage : pétrification – la mer il faudra t’y plonger pour toucher son silence. Le silence de ces espaces infinis m’effraye. Au bout du voyage tout ne sera que silence: si tu n’as rien vu à Hiroshima tu n’as rien entendu non plus. Rien. Pas. Rien qui sort de la bouche, l’acteur trébuche dans un trou de silence, spectateurs en arrêt, suspendus : silence contre silence et ça repart la voix se propulse retrouve le fil des mots: ah je respire enfin, chante Pelléas sortant du gouffre. Silence des armoires pleines de draps, de sa robe pendue comme neuve, de ses gants soigneusement enveloppés de soie ; de sa chambre quand tu reviens juste après. Silence somptueux de trois pommes jouxtant une timbale dans la lumière du petit tableau, et de cette pyramide de fraises, et de cette femme en bleu lisant une lettre dans la lumière d’une fenêtre entrouverte. Silence du roi du silence : motus et bouche cousue, promesse d’enfant scellé sur un trésor de billes ; souffle coupé à gober mouche quand l’homme sur le fil et sans filet. Silence de pain béni, de chambre capitonnée à corps de Lewy : pas… pas… pas… murmure encore la bouche, derniers sons, ultime négation, la plus proche du silence, en extinction. Images – No-Comment- images volées sans voix : silence qui de fer à béton de parpaing de lit cage de terre de plâtre mort sourd racle rampe et creuse portant voix sans voix, silence de toute sa force d’être entendu, au trou des fenêtres mamelles vides qui levé des décombres s’entend jusqu’au bout des ongles de la langue grosse de cadavres, silence des mutineries passées aux feu sous le ciel couleur d’orage orange par pelletées d’os remontant des bacs à sable en déambulateur dans ce désert de pierres, silence à millier de cris blancs démembrés . Impuissance : silence
« Silence arme de résistance à destruction passive. »
Merci Nathalie. Les chocs et entre-chocs de vos mots résonnent longtemps et livrent, délivrent, du sens en échos. À entendre, loin.
Pour ces bouquets de silence explosifs, merci
Un silence qui se fait matière (neige, pierre) mais pas que. Un silence qui se fait entendre. Merci.
.. des mots qui se lisent disent à haute voix pour porter la voie du silence… grand merci pour ce texte ressenti comme » hurlant » dans le silence d’une nuit sans lune.
ah ben tu vois! J’en étais sûre que ce serait magnifique, comme ils parlent, tous ces silences…
( comme tu me l’as écrit à propos de ton aiguillée, que j’aime beaucoup, pas trop sûre non plus de cette dernière aventure mais ne pouvais pas ne pas m’y risquer)
Ugo, Louise, Cécile, Eve, Catherine Merci de vos retours en cette fin de Boost à se retrouver j’espère bientôt !