#été2023 #10 | Un personnage en corps

Le soleil frappe fort. Le soleil est blanc, tout blanc. Le soleil est impérieux. Le soleil est plein. Le soleil n’autorise plus le retrait. Le soleil saisit tout et le ramène à lui. Le soleil a faim. La pièce est nue et lui aussi sur le lit, il est nu ou presque juste un boxer qui ne sait pas très Continuer la lecture#été2023 #10 | Un personnage en corps

#été2023 #9bis | C’est là que ça se passe

« Les vignettes se suivent, c’est un mouvement décomposé. Sa fluidité, elle est rassemblée en un éventail de plans fixes. L’œil saute d’une case à l’autre et d’une case à sa voisine. On dirait la même, mais il y a un détail qui change si vous y regardez avec attention. Le cerveau, lui, il refait le mouvement, c’est lui qui le Continuer la lecture#été2023 #9bis | C’est là que ça se passe

#été2023 #9 | Eh oh ! vous entendez ?

Je sais pas quand ça a commencé. Je sais pas quand je m’en suis aperçu. Y’a pas eu un jour où ça m’est tombé dessus. C’est pas un éclair qu’a déchiré le ciel et fendu la vie en un avant et un après. Ce qui est sûr, c’est que quand j’men suis rendu compte j’étais en primaire, en début de Continuer la lecture#été2023 #9 | Eh oh ! vous entendez ?

été2023 #8bis | Baigner dans son jus

Il est assis, en short, sur la chaise blanche en formica. Il sue un peu, la peau au contact de la surface unie. Il fait chaud, sa mère a un peu ouvert la fenêtre pour les odeurs et puis ce coté de l’appartement est nord-est, à cette heure-là le soleil n’y frappe déjà plus. Dans la poêle, une friture, ça Continuer la lectureété2023 #8bis | Baigner dans son jus

#été 2023 #08 | La vague destructrice de la tortue

C’est là, bordel, c’est là qu’elle va. Il ne s’emporte pas tant d’habitude. Il la lui reprend d’autorité, par le coin, mais sans brusquerie, il ne veut surtout pas risquer de l’abîmer. Ce carré, il y tient. La surface est lisse, et le papier cartonné a tendance à se replier sur lui-même, dans un mouvement d’enroulement, presque de protection. Le Continuer la lecture#été 2023 #08 | La vague destructrice de la tortue

#été2023 #07bis | À une passante

Je n’ai pas assez parlé de cette odeur. « A quoi bon d’ailleurs ? », me suis-je soufflé, « ça reviendra ou non… une odeur, ça ne se conduit pas ». J’ai rouvert les yeux et dehors la pluie formait un rideau opaque. Ce n’est donc pas par un acte de volonté que je l’ai fait. J’étais comme tiré par la main, non par Continuer la lecture#été2023 #07bis | À une passante

#été 2023 #07 | Morceau de corps

Comme un puzzle. Des détails, des images, des objets. Comme si à partir d’eux, le corps s’accommode en un glissement dans le réel, le vieux poster sur le mur en face, blanchi par les brûlures du soleil, et ses coins retournés en une lente crispation, ses doigts de pieds accrochent la surface du sol, font expérience des irrégularités, ces figurations Continuer la lecture#été 2023 #07 | Morceau de corps

#été 2023 #06bis | Ligne de compte

Vingt-six juin 2015 – 26/06/2015 Cinq-mille-et-deux-cent-quarante-six-centimes – 5246 centimes soit cinquante-deux-euros-et-quarante-six-centimes – 52,46 € – + deux centimes soit cinq-mille-et-deux-cent-quarante-huit-centimes – 5248 centimes soit cinquante-deux-euros-et-quarante-huit-centimes – 52,48 € – Lieu : Station Strasbourg–Saint–Denis . 2 centimes trouvés dans le couloirs de la 4. Circonstances : Foulée du pied par un passant, ai failli être renversée. Jeune femme portable en main, écran plein Continuer la lecture#été 2023 #06bis | Ligne de compte

#été2023 #06 | La patience de l’huître

Elle le ramassait ce petit caillou. Elle choisissait avec soin la poche dans laquelle elle le plaçait, une poche où elle s’assurait de ne rien mettre d’autre. Ou alors un autre petit caillou, le même mais un autre. Elle les appelait comme ça pour elle-même ces petites pièces qu’elle avait l’œil pour repérer dans la rue ou dans les couloirs Continuer la lecture#été2023 #06 | La patience de l’huître

été2023 #05bis | Suspendus à elle

« Vénus sortie des eaux ». C’est ce que je me suis dis quand je l’ai vu. C’est ridicule vu les circonstances mais c’est quand même ça qui m’est venu. Sur les quais c’était dense et moite malgré l’heure, un mélange de sueur et de soufre, c’est ce que j’ai ressenti en accédant au quai. Une masse d’humains – des fêtards encore Continuer la lectureété2023 #05bis | Suspendus à elle