A propos de Marie-Caroline Gallot

Navigue entre lettres et philosophie, lecture et écriture.

#rectoverso #12 | le type du banc

Recto L’article sommeille au cœur d’un journal qu’on se passe de client en client, sans trop y prêter attention, par automatisme de comptoir, comme s’il était écrit : Réservé aux habitués qui prennent leur café -pour certains c’est déjà le blanc ou le jaune, même à cette heure- au comptoir. On aurait pas idée de passer le journal à un inconnu de passage qui Continuer la lecture #rectoverso #12 | le type du banc

#rectoverso #11 | Stigmates et traces en tout genre

Recto Choses qui laissent des traces qu’on ne veut pas toujours voir La poussière sur les meubles Le rond laissé par la tasse à café sur la nappe cirée Les empreintes digitales, noires, sur l’interrupteur, en bas de l’escalier Le cadavre de la mouche, sur le carrelage, dans le coin, inaccessible pour l’aspirateur à gros embout La toile d’araignée, autre Continuer la lecture #rectoverso #11 | Stigmates et traces en tout genre

#rectoverso #10 | Le Parc-à-vue, le banc et l’arbre contre lequel pisser chaque soir

C’est un parc qui coche toutes les cases, les cases de l’attente du promeneur-touriste, écrin de verdure niché dans le presque centre de la ville, comme qui dirait, au cœur. Balade incontournable, beau panorama garanti à l’arrivée, prévoir trente minutes pour l’ascension-oui c’est un parc montant, un parc-sur colline,  on a du faire une moyenne de marche, éliminant les boiteux, les essoufflés et les Continuer la lecture #rectoverso #10 | Le Parc-à-vue, le banc et l’arbre contre lequel pisser chaque soir

#rectoverso #09 | le cellier, le tablier défraîchi et la cuisine à angelots

On avait coutume de parler du cellier. On ne sait pas trop si ce mot procurait plus d’effroi ou d’émerveillement. Normalement c’est là qu’on range les provisions. Il avait vu ça plusieurs fois chez des copains, de belles étagères à conserve, des cagettes à patates…Chez lui, il ne se rappelle pas y avoir vu autre chose qu’un énorme congélateur-coffre interdit Continuer la lecture #rectoverso #09 | le cellier, le tablier défraîchi et la cuisine à angelots

#anthologie #27 | Nappes de vies du coin

1- Dans le café du coin flotte encore une vieille odeur de tabac froid. Cela fait bien longtemps qu’on n’y fume plus mais demeure cette nappe indélébile, inextricablement liée à celle des petits verres du comptoir, formant avec elle une sorte de couple diabolique. Nelly a dix ans. Son père commande un jaune et une limonade pour la p’tite.  2- Elle Continuer la lecture #anthologie #27 | Nappes de vies du coin

#anthologie #16 | Ping-pong

Elle ne parle pas. D’habitude on lui colle des clichés à logorrhée : moulin à parole, causeuse, bavarde, tout y passe. C’est comme si, d’un coup, la source était tarie. Gosier sec. Le flot qu’il déverse vient honteusement provoquer la sécheresse de son gosier, sorte d’étranglement invisible par asphyxie. Les mots sont happés avant qu’elle n’ait le temps de s’en nourrir, Continuer la lecture #anthologie #16 | Ping-pong

#anthologie #15 | Tu en reboiras bien un p’tit ?

Tu en reboiras bien un p’tit ? le non est  ici persona non grata, le cadre est complice … tout le monde boit… pas idée de s’afficher avec une menthe à l’eau au café du coin…surtout pas lui, on sait qu’il l’aime, le jaune…Allez un p’tit dernier ? Même avec variations, on se sent obligé d’atténuer…petit…toujours …certes on le rabote un peu dans la prononciation, le Continuer la lecture #anthologie #15 | Tu en reboiras bien un p’tit ?

#anthologie #14 | C’est clair!

C’est clair. Jugement sans éclaircissement, couperet idéal de l’opinion. C’est clair qu’il l’a pas volée sa situation. En même temps qu’est-ce qu’il croyait ? Et puis à dépenser sans compter, avec ce qu’il se mettait dans le cornet, non c’est clair que ça pouvait pas finir autrement.  C’est clair. Assentiment confortable de la discussion. Oui tu as raison, je m’achète la paix Continuer la lecture #anthologie #14 | C’est clair!

#anthologie #13 | Thésée et le bus.

A force, on remarque les petites variations de la monotonie routinière.  Ça occupe. L’habitacle dans les tons de bleu vire parfois au vert, surtout à l’endroit de l’assise, moquette limée par les fesses anonymes. Ligne-bateau-de-Thésée. Toujours le même nom depuis des années, mais les exécutants se sont modernisés, certains sont vernis, ils ont le droit à la boite auto. Mais pas Continuer la lecture #anthologie #13 | Thésée et le bus.

#anthologie #10 | Est-ce que ça se fait de prendre en photo les morts?

Il a dix ans et sourit à côté d’un vélo. Pas de date sur la photo, on peut imaginer d’après la taille, même si l’on disait de lui qu’il était grand pour son âge, ce qui peut être reculerait à huit ou neuf ans. Il a dix ans car c’est à cet âge qu’on offre le premier vélo, souvent. Il est Continuer la lecture #anthologie #10 | Est-ce que ça se fait de prendre en photo les morts?