
La photo. Image arrêtée, stoppée, scotchée, collée dans un album, épinglée ailes ouvertes, du monde découpé avec les petits ciseaux, ceux pour les choses précises, le mouvement arrêté, un deux trois soleil avec jamais le mur, le mur qui avancerait en même temps qu’on avance. Flipbook tout en bleu où on use son pouce, du bleu de grand ciel bleu ou du bleu de bagarre, du bleu de tous les bleus. Des aides à se souvenir, des détails qu’on oublie et qu’on retrouvera là dans un coin de photo, rappel, témoin, béquille. Image hameçon, fouiller au-dedans de nous, refaire les émotions, ou bien en créer d’autres, chocs, cataclysmes ou larmes qui roulent sur les joues jusqu’au coin du sourire. Images déchirées qui déchirent à leur tour qui nous déchirent de manque de ce qui était autour et qui manque à l’image. Images remplies d’absences, toutes les photos pas prises, pas faites, pas gardées. Carte du temps avec trous et les intemporelles qui ne disent ni où ni quand, qui ne disent rien du tout mais vous arrachent le cœur par le où et le quand qui pourrait être de nous. Calendrier sans jour, sans mois et sans années, du temps sur du papier, du temps qui garde pour lui ce qui est dans son dos, dans son monde, son hors chant. Du temps, épinglé ailes ouvertes
Codicille :
Dans mon idée, ici c’est Mow qui pense et qui écrit. Mow toujours plus précise, mieux connue, mieux détourée. Et aussi un peu moi pour cette question photo, comme la personnage dans saison blanche, aussi un peu Alfred Stieglitz, découvert grâce à Lovecraft, à l’année avec Lovecraft. Une fois de plus pas abouti en tant que texte pour lui-même, mais plein de pistes, plein de choses à utiliser ensuite, de grosses pierres, bien solides. Peut-être même des fondations
Merci Juliette pour ce déplier du mot « Photo » ce qui est au dessus en dessous , ou qui n y ‘est pas . mais ce que j ‘aime surtout c ‘est le traitement du temps que tu en fais »:Calendrier sans jour, sans mois et sans années, du temps sur du papier, du temps qui garde pour lui ce qui est dans son dos, dans son monde, son hors chant. Du temps, épinglé ailes ouvertes »
Merci à toi pour la lecture, Carole. La photo est un thème autour duquel je tournicote depuis un moment pour ce personnage de Mow dont j’ai fait une photographe. C’est pratique pour lui faire observer le monde et aussi parce que c’est une activité que je connais un peu par mon travail de tous les jours. Pratique donc 😉
Quand j’ai lu le texte la première fois, hier matin, sur mon téléphone, à la mi-ombre d’un café en attendant de perdre assez de temps pour aller prendre un train pour rentrer quelque part, j’ai cru voir une plume sur la photo.
Puis j’ai lu une fois.
J’ai lu des cailloux qui menaient quelque part, mais je ne voyais pas où. Alors j’ai relu pour retrouver « bleu ». Puis ce matin, je reviens sur l’ordi, rentrée quelque part, et je vois le nuage.
Puis j’ai relu.
Ce matin, comme (presque) tous les matins, j’ai ouvert le semainier (j’ai oublié le mercredi de la semaine dernière), j’écris toujours « en suite », très rarement j’annote ce qui est déjà écrit, c’est ce que j’ai fait ce matin:
« Comment expliquer qu’une telle capacité [ le langage ], identique chez tous les êtres humains, puisse se manifester de façon si diverse au sein des populations humaines ? », piqué sur un article un peu vaseux mais pas méchant.
Annotation de ce matin sur rech du 01/12/21: » ça n’est pas la même langue, c’est artificiel. Il n’y a de langage naturel qu’en dehors de la langue. Paradoxe. Tout ce qui est mis en mot est déjà transformé. 25/06/2025″
Tout est tellement embrouillé en ce moment, merci pour la petite lumière.