#enfances #05 | photo de famille

notes sur l’établissage du texte La photo se trouve à portée de main, dans une grande enveloppe de papier kraft glissée au bout d’une rangée de la bibliothèque entre le dernier livre renversé sur la gouttière et le montant en bois. Sur la façade ensoleillée du chai, entre des volets en bois fermés et une niche, se détachent trois silhouettes Continuer la lecture#enfances #05 | photo de famille

ateliers #été2023 #07 | souvenirs du corps

Sur les photos qu’elle nous a laissées, on devine la force et les faiblesses qui l’ont habitée. Elles surgissent tour à tour, dans un éphémère ressenti de peur ou d’oubli, parfois de joie aussi, lorsque souvenirs vilains et tristesse d’enfance se taisent un instant. Par exemple, elle est près d’un lac avec des enfants, une jeune femme et un adulte Continuer la lectureateliers #été2023 #07 | souvenirs du corps

#Été 2023 #09bis | Dans les cartons

Classement approximatif, souvent en fonction de la place disponible dans le carton le plus porche davantage qu’un rangement rationnel et réfléchi. Sur la dernière boîte, une sorte d’homogénéité, pas de date ni de lieu, mais photos oiseaux N&B. N&B, avec cette esperluette dont tu aimes autant le nom que la forme, comme un nœud marin pour relier les extrêmes, le Continuer la lecture#Été 2023 #09bis | Dans les cartons

#photofictions #04 | allure battement élan

Et cette allure. Et ce battement. Cet élan. Partie de lumière sur fond gris clair. Et cette turbulence. Temps de pose. Et cette motion. Ombre portée sur la gauche. Et ces cheveux déliés. Cette gestuelle. Bord cadre appuyé. Géométrie du bras. Triangles sombres clairs. Et ces boucles. Et cette légère effusion. Et cette montée du poignet. En deux temps. Départ Continuer la lecture#photofictions #04 | allure battement élan

#40 jours #20 | sur la photo

Et finalement qu’est-ce que ça donne ? Ça donne ça. Tu vois mal sur la photo mais en vrai ça donne. Ça donne vraiment. Bien. On s’est assez battues pour ça. On en a donné des heures. Maintenant on l’a ouverte cette brèche. Ça donne pas sur la mer mais tout comme. Ça donne de l’autre côté. Ça donne ici. Et Continuer la lecture#40 jours #20 | sur la photo

#40jours #14 | numéro d’écrou

C’est la troisième fois en un an qu’ils la ramènent. Ils la ramassent dans la rue quand elle crie trop. Dans le quartier on la connait.  D’abord elle se débat. Puis elle se terre dans son silence. Elle a toujours sa boite avec elle dans un sac ­— un sac de sport tout bête avec une bandoulière de toile—, une Continuer la lecture#40jours #14 | numéro d’écrou

#40jours #10 | depuis la main

J’ai peu de souvenirs de l’appartement de la rue du Corbeau. On ne donnerait plus ce nom à une rue aujourd’hui. Je devrais chercher sur Google toutes les rues du Corbeau. Le souvenir du souvenir, voilà ce qui me vient. Depuis le vague souvenir d’une photo sans doute. Le canapé en tissu noir chiné de quelques points blancs, une fauteuil Continuer la lecture#40jours #10 | depuis la main

#P2 Brûlée

Des soldats sud-vietnamiens suivent des enfants terrifiés, dont Kim Phuc, âgée de 9 ans, qui courent et s’enfuient après le bombardement au napalm d’un lieu suspecté comme un repère Viêt-Cong, le 8 juin 1972.• Crédits : AP Photo/Nick Ut - Sipa

l’odeur du brûlé, le ciel brûlé, les villages brûlés, la jungle brûlé, l’air brûlé, une pluie brûlée s’abat du ciel, des corps brûlés qui s’échappent sur une route brûlé, des soldats au regard brûlé, clic-clac au bout moment la photo est prise, appareil argentique, réaction chimique, légère odeur de brûlé, développement sur papier brûlé, impression, les rotatives, l’ours, et les Continuer la lecture#P2 Brûlée

La bénichon

Il faut soigner le mal par le mal. Le père tend le verre au fils qui grimace. Soit. Le fils trempe les lèvres dans le vin blanc. Il a mal à la tête. Chaque année, il a mal à la tête mais il sait que ça va passer. C’est la bénichon, c’est comme ça, on commence par avoir mal à Continuer la lectureLa bénichon

UGO

Il a un visage vieux, une moumoute de Sibérie sur la tête qui le durcit et ses lunettes sont givrées. On monte ensemble à son deuxième étage. Le froid a réduit ses traits comme gelés et rapetissés. Pas engageant du tout. Seule une petite fossette au bout du menton me le rend plus abordable. Il se regarde dans la longue Continuer la lectureUGO