#gestes&usages #04 | Tango

Un peu de peau, une égratignure, rien du tout. Rien qui l’oblige à abdiquer de son quotidien. Le gros orteil gauche est douloureux. Comme il en parle on pourrait croire que tout l’ongle a été arraché. Je l’écoute au téléphone et je pense au géant aux pieds d’argile, au talon d’Achille. Je pense : Lébène vacille. Il explique que sa Continuer la lecture#gestes&usages #04 | Tango

#enfances #01 | Sarraute & M.Bilit

Madame Artaud avait les cheveux jaunes, coiffée, manucurée, maquillée à la perfection, elle savait y faire pour être belle. Elle ne ressemblait pas à ma mère, ni à aucune autre mère de la cité. Avec sa fille Amélie nous l’attendions dans leur pavillon en face du bâtiment A. Monsieur Artaud, petit homme à la moustache noire, avait gagné cette maison lors d’un concours organisé par le Journal Continuer la lecture#enfances #01 | Sarraute & M.Bilit

#été2023 #07 | Le corps d’Ornella

« Des membres jetés sur la scène, donnés en spectacle. Le dos, à l’ossature saillante, lance ses fesses en l’air. La tête abandonnée sur le parquet semble pouvoir rouler loin du fatras de son corps nu. Son visage se refuse aux regards. La lumière découpe son corps en morceaux solitaires. Une épaule contre le parquet et les genoux ramenés sous Continuer la lecture#été2023 #07 | Le corps d’Ornella

#été2023 #04bis | Terre battue

1 – Dans la nuit de samedi à dimanche j’ai dansé le gwoka. J’ai dansé toute la nuit dans le lewoz de Philippe Badine. Il possède un restaurant qu’il a baptisé le Mahogany parce que le petit ajoupa qu’il y a planté pour recevoir ses clients à ses débuts, était adossé à un Mahogany. Ce qui a commencé comme une Continuer la lecture#été2023 #04bis | Terre battue

#été2023 #03bis | Gwoka

4 au minimum. Avec 2, ou 3 ce ne serait pas pareil. Ce serait autre chose. Personne à ma connaissance n’a décrit la danse gwoka comme un jeu. Si je devais me tenir devant une assemblée et l’expliquer, les mots se bousculeraient pour sortir de ma bouche, comme les pensées pour sortir de ma tête, tout dans le même temps. Continuer la lecture#été2023 #03bis | Gwoka

#été2023 #03 | Prunes café et goyaves vertes

Comme je le disais, ma mère nous laissait quasi nues ma sœur et moi. Les enfants jouaient, garçons en slip et fillettes en culotte, dans la campagne de Bergette, encore au milieu des années 70. Ils couraient dans les chemins en tuf pour cueillir des goyaves et des mangues quand c’était la saison. Ils n’avaient pas peur des bœufs qui Continuer la lecture#été2023 #03 | Prunes café et goyaves vertes

#progression #02 | la danseuse

Parquet lisse, trop lisse. Ça glisse. Trop. Il faut la colophane. Etaler en couches successives, là où ça glisse. Ne pas frotter, ne pas ramper, ne pas essuyer le surplus, garder une couche suffisante. Dessus les chaussons tiennent. Ils tiennent bon. Ils tiennent droit, debout les demi pointes, les pointes, bien enrubannées autour des chevilles. Le collant, dessous, amovibles, c’est Continuer la lecture#progression #02 | la danseuse

dialogue #1 | Tango parano

Dans un rêve, un parking souterrain. Un parking baigné d’une lumière orangée, sans doute des néons et la peinture des murs (jamais trop certain dans mes rêves). Au sol, sur le béton lissé, entre les piliers, des bandes blanches matérialisent les emplacements. Aucune autre signalétique. Aucune auto visible. Aucune de ces petites veilleuses à capteurs qui, par leur couleur rouge Continuer la lecturedialogue #1 | Tango parano

Nigel Verk

Libéré de ses obligations photographiques ce jour-là, Nigel Verk est monté dès potron-minet du château au lac par le sentier abrupt. Mu par des ressorts enfouis et oubliés, il renoue avec une ancienne ardeur naturaliste, quand il se passionnait enfant pour les macros de fleurs et de papillons. Ce type de photos présentait l’avantage de n’exiger aucune autorisation préalable de Continuer la lectureNigel Verk

Danser la pluie

On ne sait pas d’où tombe l’eau. Le ciel se déverse sur la terre par pans entiers. Nous dansons dans les flaques sur l’image inversée du paysage. Nous sommes légères. Nos pieds effleurent à peine le sol mouillé et nous tournons de plus en plus vite jusqu’à ce que nos robes s’évasent comme celles des derviches tourneurs. Nos tétons se Continuer la lectureDanser la pluie