Et si on lui faisait ça… / Eté 2023, le roman #10bis

Se trouver bombardé à l’Académie suédoise sans avoir rien publié de significatif ! Mais c’est carrément condamner quelqu’un à la honte permanente, à l’impossibilité de s’exprimer, étouffé en permanence par l’autocensure. Et puis que des lecteurs et des lectrices -oui, ça, ce n’est pas lui qui en a eu l’idée pour moi, la conscience de l’inégalité des genres, je l’ai, même sans son intervention imaginée d’Ellen et Kristina… Que des lectrices et des lecteurs, donc, francophones -car c’est pour un public francophone qu’il écrit, non ?- entendent ce que signifie « pelle » en français à chaque fois qu’il me nomme Pelle dans ses écrits -de ce pourtant beau prénom suédois !, c’est proprement insupportable. C’est clair, il a fait de moi son ramasse-miettes !

Mais j’aimerais vraiment savoir ce que ça lui ferait si quelqu’un d’autre se saisissait de ce qu’il écrit en permanence à la sauvette dans son ordinateur et sa saquette en cuir, tous objets dont on dirait qu’il me fait l’honneur de m’affubler… Oui, si quelqu’un ou pourquoi pas quelqu’une récupérait le fruit de ses entrailles et allait le publier à son insu ? Au prétexte d’inventer un nouveau Prix Goncourt -restons franco-français, que diable !

Et cela même qu’il est en train d’écrire en ce moment, si je m’en emparais et allais le porter à la vue d’apprenti·e·s -eh oui, je la manie assez bien l’écriture inclusive, je vais même chercher le point cadratin qu’il a toujours la paresse d’aller chercher dans les caractères spéciaux… Et ça se dit fouineur des spécificités clandestines ? Mais si, ce qu’il est en train d’écrire -la rage m’étouffe !- et si j’allais le faire publier à la faveur d’un innocent et débonnaire atelier d’écriture en ligne, qu’est-ce qu’il en dirait, hein ?