#02 bis #Jokari | impuissance

Cinq heures. Jacques a dit lève – toi . Thé noir et taie de cornée. Le rêve (aussitôt oublié) est une idée de tombeau. Voir blanc. Y aller à l’aveugle. Sans bouger longer le fleuve. À rebours donc : le quai . Ses pavés, ses eaux : tremblement d’écume et plumes de surface : pigeon vole et pigeon mort. Quelques bicyclettes, même un bébé au panier (à cinq heures tout de même, si petite ! ). Dans le film il y aurait une péniche et un air d’accordéon avec un couple qui s’enlace. Ça dieselle âcre en surplomb. Les arbres du boulevard ont des boules au tronc et aux bras. Furonculose de trafic. Il neige des feuilles vertes de juin et sous le pont quelqu’un survit. Un pied. Quelques cheveux. Tout le reste enveloppé dort. Je dirai que je suis sortie et que j’ai pris la passerelle des arts.

#été2023 # 2 | en deux temps : à blanc

A propos de Nathalie Holt

Rêve de peinture. Quarante ans de scénographie plus loin, écrit pour lire et ne photographie pas que son lit.

9 commentaires à propos de “#02 bis #Jokari | impuissance”

  1. ça fonce dans le cinéma : (je me souviens d’un petit jeu (pas le jokari) où trois pigeons asservis à des petites chaînes tournaient autour d’un trépied, les flèches qui devaient les atteindre avaient en leur bout non des pointes mais des ventouses) mais j’ai vu le petit môme dont le père a volé un vélo, Potemkine (je ne suis pas certain qu’il ait été 5 heures, comme lorsque sortit la marquise) l’Atalante, et j’ai entendu le vent qui s’exerce contre les fâcheux… (il m’est difficile de digresser sur la consigne car je vois pas les bis) – merci pour tout ça en tout cas

  2. «  Y aller à l’aveugle. Sans bouger longer le fleuve. »
    Merci Nathalie Holt. Je dirai que votre sortie m’ouvre des portes. Merci, merci. Je ne suis plus perdu dans cette consigne. Et oui il y avait bien un fleuve.

  3. « Il neige des feuilles vertes de juin et sous le pont quelqu’un survit. » Atmosphère inquiète où l’écriture fait « ténacité au monde  » comme dit François dans ces carnets vidéos. Merci Nathalie.