Fleurs de gouttière

Village étagé à flanc de montagne, couleur de terre et de pierre. Ocre. Minéral. Chemin poussiéreux presque à hauteur de toitures. Depuis un petit muret, debout, si l’on s’approche un peu : un bout de gouttière rampante en zinc de forme demi-ronde. A l’intérieur : quatre petites fleurs, toutes sèches, comme cuites sous le soleil de juillet dans cette jardinière improvisée que la pluie n’arrose plus depuis le dernier orage. Elles ont germé et poussé au niveau du crochet de fixation, tout rouillé et renforcé curieusement par un bout de fil de fer noué deux fois, comme si on avait voulu arrimer bien comme il faut la gouttière tout contre le mur, sous la toiture. La gouttière est ainsi maintenue dessous et dessus : par le crochet de fixation et par le fil de fer. Elle est accrochée tout contre le mur de ciment sous le dernier rang de la couverture, lui-même fait de larges pierres plates de montagne, quand tout le reste de la toiture est en briques toutes moussues, le lichen recouvrant inégalement de brun et de blanc l’orange de la brique.  Les pierres de toit, granitiques, abritent elles aussi de la mousse, du lichen et de petites fleurs toutes cuites de soleil : on dirait un petit chemin de pierre en bord de toit, aérien, suspendu au-dessus de la gouttière en zinc. Comme un morceau de montagne. Un extrait de paysage.

A propos de Émilie Marot

J'enseigne le français en lycée où j'essaie envers et contre tout de trouver du sens à mon métier. Heureusement, la littérature est là, indéfectible et plus que jamais nécessaire. Depuis trois ans, j'anime des ateliers d'écriture le mercredi après-midi avec une petite dizaine d'élèves volontaires de la seconde à la terminale. Une bulle d'oxygène !

2 commentaires à propos de “Fleurs de gouttière”

  1. Merci Sylvie ! débordée dans ce labyrinthe de textes, je saisis ton fil de lectrice pour remonter à l’autrice ! A très bientôt donc !