#gestes&usages #05 | Judith Wiart, deux mains qui se touchent (variation)

Nous sommes alignés, l’entraîneur venu exceptionnellement nous profiler passe d’individu en individu. Il nous a déjà fait passer deux tests. Celui-là est le troisième. Il s’agit de peaufiner nos profils de boxeurs selon nos qualités et nos défauts révélés à travers les tests. J’ai clairement le profil physique le plus « menu ». Il y a des gros bras et des grosses cuisses tout autour de moi. Ce qui ne m’a pas empêché de l’ouvrir déjà deux fois pendant les deux premiers tests. Ce qui m’a valu la qualification de « C1 ou C3[1], à tous les coups. ». Il y a beaucoup de D2 dans les gros bras et les grosses cuisses.

Il fait le même exercice à chaque un de ceux qui sont dans la file. Il demande qu’on lève les deux mains, qu’on les positionne légèrement derrière les épaules, sans forcer. Puis il se positionne en face, et applique ses mains sur celles du cobaye. Puis il dit « pousse ». Personne n’y arrive. Sauf moi. Sans forcer.

« C1, c’est validé. »

Youpi. Non, je m’en fous. Fière ? ben un peu quand même, j’aime bien les voir se faire un peu remettre à leur place. Ce que je sens surtout, c’est que ça sent pas bon pour moi chez les gros bras et les grosses cuisses. J’ai l’habitude en même temps. Ils ont beau avoir l’exemple du Maître qui est encore plus fin que moi et qui peut les envoyer voler où il veut, ils continuent à faire grossir leurs muscles et à les comparer.

S’en suit une explication des types, de mauvaise mémoire « les D2 sont très obéissants, une majorité parmi la population, ce qui explique qu’il y en ait autant dans la salle ce jour-là. Les C1 en revanche sont plus rare. Comme l’exemple du dernier exercice l’a démontré, les C1 sont capables de déployer de la force à partir de zéro. Sans aucun appui. Comme par magie. ».

Par magie ? Je détestais être touchée à l’époque encore plus qu’aujourd’hui, et surtout par des combattants, avérés ou se croyant l’être. Il suffisait que je sente un morceau de peau ne m’appartenant pas s’approcher pour que tout mon corps se mette en alerte maximale.

J’aurais bien aimé leur dire, à ce moment-là, qu’ils pouvaient tous devenir C1 s’ils voulaient…il fallait juste accepter d’en payer le prix.


[1] Classification de type MBTI, qui n’engage que ceux qui y croient. Pour ma part, je prends ce dont j’ai besoin, et je repars sur ma route, que ce soit dans ce classement, ou tout autre. Je ne crois clairement pas à une typologie fixe quelle qu’elle soit. Mais je me servirai de tout ce qui me passe par le corps pour m’améliorer comme je le peux.

A propos de Alexia

Chercheuse par diplôme (Master 2, 2018) en littérature anglaise du 20ème siècle à Tours, indépendante car pas rattachée à une université pour l'heure, je fais des mousses au chocolat, des îles flottantes, du pain perdu caramel, des meringues, des crèmes brûlées...un jour, j'arriverais au niveau de la tarte au citron de Blanche!!! je l'aurais un jour!!! je l'aurais!!! En attendant, j'épluche aussi des pommes...

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