#40jours #prologue | quatre ellipses verticales

une ligne est vue, mais il n’y a pas de ligne, à gauche, l’herbe coupée, jaunie, séché, les raies encore de la taille, à droite, les cendres, la terre noircie, les troncs devenus charbon ⁝ chaque été dans la vallée, un incendie que l’on dit volontaire et le nom de l’auteur est su et tu, il ne va pas plus loin, la courbe est là

renfoncement dans la façade, au centre presque, un panneau de bois de la taille d’une carte de tarot, sans peinture, sans couleur, délavé par le temps, en s’intéressant le regard distingue la découpe d’une serrure, cercle surmontant un trapèze, sa béance ⁝ on est dans le prolongement de la rue de la truie, presque avant d’arriver au port disparu, sept ans, matin dans un sens, soir dans l’autre, passer, avant de découvrir la porte des années, deux, trois, cinq, voir un clochard qui errait d’habitude dans le quartier ouvrir cette porte sans rien voir de plus, et puis enfin, du temps encore, revenu étranger maintenant, s’approcher et dans la lenteur du délit et l’indifférence de la ville, toucher le bois, le tirer, ouvrir, pour découvrir un interrupteur électrique désuet

mur l’on dirait d’enceinte mais plutôt de secret, haut comme un homme et demi, seule ponctuation une porte de bois massif, surmonté d’un petit toit, au-dessus seulement le ciel ⁝ aux questions de l’enfance répondent le vague et la gêne, puis au bord du grand âge, oublier l’absence, il reste ce mot découvert alors qui reviendra comme un foret, écrit en lettres rouges, l’Ecclésiaste

sous les pieds les carrés de verre, les penser cubes, ne dévoilant rien, insensibles aux pas, aux sauts, et imagine-t-on au pic, rien n’est vu, la transparence est dans le verre, pas au-delà, mais signe de l’en-dessous sans savoir s’il a limite ⁝ quelques marches et la poste des remparts minuscule, kiosque de sous-marin, et en dessous en longueur, les salles où les lettres sont triées et par quel passage descendent-elles, puis vont gonfler des sacs de toile, puis partir dans des trains, qui passent dans la tranchée, et cela est fait la nuit, et ce qui le font reviennent entre les draps pendant l’école, les marches dans les rues

A propos de Tristan Mat

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6 commentaires à propos de “#40jours #prologue | quatre ellipses verticales”

  1. En moins de dix lignes m’emmener en voyage avec les lettres et raccompagner le postier, chapeau ! Bravo.