#40jours #18 | rentrer chez soi, avec Jean Rolin

au défi d’un exercice quotidien d’écriture pendant 40 jours


 

 

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#40 jours #18 | rentrer chez soi, avec Jean Rolin


La question du trajet :

 on l’a souvent explorée dans les ateliers, notamment parce que la suite d’images qui en résulte, échelles et cadrages ou focales différents, détermine l’illusion que le récit avance, et donc que nous, lecteurs, on avance dans ce qui est montré (ou fabriqué) de réalité ;

 voir par exemple cet exercice à partir de l’immense Danielle Collobert, sur un trajet mille fois fait ;

 dans Espèces d’espaces, le chapitre sur la ville est divisé en séquences, dont la 5ème porte le titre villes étrangères et s’appuie sur les premiers instants de découverte d’une ville, ne serait-ce que par la navette qui vous mène de l’aéroport au centre-ville, Londres en l’occurrence — là, le trajet n’est plus celui d’un point A à un point B indifférenciés, mais une orientation, de la périphérie au centre ;

 on peut aussi travailler sur l’inverse, partir d’un point central et aller aux limites extérieures, voir Jean-Jacques Salgon, Aux sources du Nil, ou Claude Simon dans le Jardin des plantes, ce fameux texte où il note tout ce que perçu depuis un train qui quitte la gare de l’Est ;

 mais ce que je veux proposer ici, c’est d’inverser le trajet... qu’on rentre chez soi, et le trajet est une recomposition, une accumulation de perceptions qui évacuent à mesure ce qu’on laisse en arrière, et cela de quelque point qu’on entame ce trajet retour, de quelque distance qu’on l’effectue ;

 et c’est un exercice qui peut s’appliquer à une ville dont on est séparé désormais, un lieu où on a vécu une période donnée, plus ou moins brève, voire même au séjour en hôtel dans une ville étrangère — l’important, à quelque distance temporelle qu’on soit, c’est la récurrence de ces trajets, où on rentre chez soi ;

 je propose comme appui un livre récent de Jean Rolin, Le pont de Bezons (POL, 2020), d’une part parce qu’il utilise ces récurrences (une trentaine de lieux au long de la Seine, mais il consacre quatre ans à y revenir régulièrement, et chaque chapitre est la somme de ces retours), mais surtout parce que, si on compare à un de ses livres majeurs, Zones (POL, 1996), on ne peut qu’être admiratif de comment, à mesure du temps –– 25 ans, quand même... — la « rhétorique », les « je », les temps verbaux, les repérages spatiaux non pas s’effacent mais se diluent, se font transparents, et par contre c’est la suite des instantanés urbains qui fabrique le voyage...

 ou le thème de son Savannah, revenir après décès suivre exactement les traces, lieux, itinéraires, visites, d’un voyage fait avec la disparue, dix ans plus tôt, jusqu’à la maison de Flannery O’Connor, encore un retour, sinon que le narrateur est seul pour suivre les deux fantômes...

 et le premier mot du Pont de Bezons, « Heureux qui... », faisant directement référence à Ulysse et l’Odyssée, me conforte dans cette idée d’exploration : décrire un trajet, oui on l’a fait ; faire avancer un texte et l’impression cinétique du réel qu’il organise, fictif ou documentaire, on l’a fait ; se contraindre à un texte qui soi, tout littéralement, tout simplement, mais de n’importe quelle ville, n’importe quelle époque, rentrer chez soi, ça on ne l’a pas essayé !

Alors à vous, et bonnes écritures !

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 27 juin 2022
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