#nouvelles #03 | Judith Schalansky, inventaire de choses perdues

un cycle dédié à la construction de récit


 

#03 | Judith Schalansky, répertoire de choses perdues


Une proposition en deux temps : la liste de ce qui pour soi-même constitue ce territoire du « perdu », et puis le récit qui s’en saisit.

Rappel, tout d’abord : une première vidéo consacrée à ce livre important de Judith Schalansky, Inventaire de choses perdues, traduction Lucie Lamy, dans les Carnets c’est ici, plus une autre sur son Atlas des îles abandonnées, dans les Carnets c’est ici.

Il est temps de le rejoindre aussi par l’écriture, et pas seulement la lecture : reprendre pour nous, humblement mais quand même, la piste que ce livre explore. Ou les pistes plutôt, puisque dans cet « inventaire de » — donc non pas exhaustif, et merci à la traductrice, super boulot, de notre échange à ce propos — c’est douze brefs chapitres qu’assemble Judith Schalansky.

Je m’en reporte à la vidéo pour les trois exemples principalement retenus : un film de Murnau qui n’a jamais été monté ni distribué, mais dont plusieurs fragments de tournage subsistent à Berlin dans ses archives filmiques, et y répond le récit d’une journée de Greta Garbo anonyme, son choix d’après carrière, dans New York et sa foule ; un tableau de Caspar David Friedrich disparaît dans l’incendie en 1931 du Palais des Glaces de Munich, il représente le port de Greifswald, sa ville natale mais aussi celle de l’écrivaine, estuaire désormais ensablé, et y répond le récit d’une marche sur les lieux mêmes, devenus périphérie commerciale urbaine ; ou bien ce « château des von Behr », entièrement détruit ou presque, presque, puisqu’y répond le récit des souvenirs de cours de gym au lycée, où on pouvait s’asseoir sur un tronçon de vieux mur ayant survécu et qui en était la seule trace.

Pour Friedrich, une nuance supplémentaire en ce que, le peintre travaillant par séries, d’autres tableaux utilisant le port de Greifswald subsistent, ce qui affine encore ou diffracte cette quête du tableau perdu.

Et je vous propose une démarche très simple : le choix en douze exemples auquel procède Judith Schalansky (dans la vidéo je crois que je dis plusieurs fois quatorze, tant j’aurais été prêt à en lire plus !), qui inclut aussi des disparitions d’écrits ou de livres, et se clôt sur l’œuvre perdu d’un pionnier de la cartographie lunaire, c’est pour elle autant de titres qui font clairement référence à ce qu’on va décrire (l’incipit de chaque chapitre, en italiques, décrit les faits et les dates, sur un mode documentaire). Si pour soi-même on s’engage dans cet inventaire de ce qui, dans notre propre histoire, nos propres intérêts, est perdu, quelle liste assemblons-nous ? Et si on la « fatigue », cette liste, comme on dit en cuisine, pour l’étendre, saurons-nous atteindre les douze ? Allez, négocions à neuf par personne...

Enfin, cette suite de douze récits libres, chacun sur un mode narratif différent, qui constitue donc un ensemble de douze modes d’approche, à à nous et nous seuls de reconstruire le lien de ce récit avec l’incipit descriptif et non-fictionnel qui lance le chapitre. Dans votre propre inventaire de neuf choses perdues, lequel des neuf items vous permettrait ce récit librement tenu, à l’exemple de ceux de Judith Schalansky ?

On va bientôt bifurquer dans ce cycle, en s’attelant à la construction de nouvelles. Là, on est encore dans ce que je nomme marches d’approche, constitutions de silos, matières narratives rassemblées, ébauche d’un territoire à chacune et chacun personnel. Liberté donc à vous laissée pour ce récit, ou fragment de récit, en mode narratif libre, mais subjectivement et intérieurement relié à l’un des items de votre liste de neuf choses perdues.

Et c’est un rendez-vous important. Bien sûr un extrait à votre disposition, ce récit d’une marche sur le lieu que peignait le tableau disparu de Friedrich.

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 7 avril 2024
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