#nouvelles-2 boucle 2, #01 | Paul Morand visite Marcel Proust

un cycle dédié à la construction de récit


 

boucle 2, #01 | Paul Morand visite Marcel Proust


Publié en 1922 dans son premier recueil, Lampes à arc, par le jeune Paul Morand, le texte serait probablement aujourd’hui quasi inaccessible s’il n’avait pas été repris dans le volume Anthologie de la poésie française du XXe siècle de la collection NRF/Poésie.

Comme souligné et, j’espère, rendu vraiment visible dans le sommaire, on va reprendre, dans une nouvelle « boucle », mais avec un autre appui que via la présence palimpseste du livre, le principe de successives « marches d’approche » avant de proposer un thème de synthèse. C’est la première fois que je tente ce principe, je souhaite mieux en comprendre le potentiel.

C’est donc une deuxième boucle, qui sera aussi constituée d’au moins trois « marches d’approche » avant la nouvelle qui en sera la synthèse.

Cela veut dire qu’on s’approprie une technique narrative, mais qu’il n’y a aucun enjeu à cette contribution. Quand on écrira cette synthèse, ce sera une nouvelle strate d’invention, qui ne sera pas liée à ce qu’on aura écrit dans ces « marches d’approche ». Plutôt, mais c’est cela qui me pousse à reprendre cette exploration, qu’on se constitue chacun — plus qu’un paysage — un « territoire » d’écriture, et ce sera depuis ce territoire que sera rendu possible le saut vers la nouvelle.

Pourquoi, alors, ce texte de Paul Morand ?

Une visite. Simplement une visite. Mais une visite asymétrique et d’importance : un jeune écrivain rend visite à une légende vivante. Proust mourra deux ans plus tard (si on admet que, publié en 1922, le texte a été écrit entre 1920 et 1921). Il vient de publier À l’ombre des jeunes filles en fleurs, termine la préparation de Sodome et Gomorrhe, mais La prisonnière et la suite de ce qui constitue la « cathédrale » (une des grandes métaphores de Proust pour son oeuvre) ne s’accomplira que de façon posthume.

Mais voyez comment fonctionne le texte :

 l’introduction dans la chambre, l’atmosphère, odeurs et obscurité, plus les fumigations, la fugace présence de Céleste Albaret ;

 dans ce premier instant de repérage, reconnaître et isoler celui à qui on a affaire, quitte à ce que les perceptions (le visage est « sous » l’oreiller) priment sur la description — la pâleur de craie, la barbe naissante et rêche...

 puis la voix et le premier échange : mais un dialogue qui n’a rien d’informatif, presque une mise en musique, à peine une situation...

 le contexte extérieur : une fois tout cela établi, on reprend conscience des perceptions extérieures, la rue, le tramway ;

 enfin, mais cette fois au discours indirect, le véritable contenu de l’échange, et l’allusion à l’oeuvre en cours ;

 puis cette étrange mise en abîme, mais seulement pour nous qui savons que, dans sa chambre, Proust avait au-dessus de lui son portrait par Jacques-Émile Blanche.

Soit donc six paramètres. Dans votre réminiscence ou votre reconstruction d’une telle visite (attention, on laisse tomber la question de l’écrivain célèbre ou du grand artiste, etc, voir la première apparition chez Pierre Bergounioux du personnage de Miette, apparue quelques secondes dans l’entrebâillement d’une porte pour apercevoir le prétendant de sa petite-fille, dans le livre éponyme), saurez-vous recombiner ces six indications ?

Et c’est ainsi qu’on aura lancé cette première marche d’approche pour notre deuxième boucle de ce cycle sur la nouvelle.

Nota : les « catégories » du WordPress ont été remaniées en conséquence. Pour cette boucle 2 vous ouvrez un deuxième article, qui comportera lui aussi une table des matières (voir 2ème tuto), et ne pas hésiter à reprendre le titre de votre article boucle 1 pour le finaliser.

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 29 avril 2024
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