#40 jours #03 | Où es-tu, Aurélien ?

Pas ici, en tout cas.  On ne croisera ni Aragon ni l’un de ses personnages de papier dans un café littéraire de la Rive Gauche.

Et pour cause : on n’est pas à Paris mais à Marly (banlieue de Valenciennes) ; on quitte l’opulence de la Ville Lumière pour l’envers des petits quartiers.

L’ambiance est assez morose.  On se croirait dans une impasse, ou une ruelle cachée, mais l’entrée pour y accéder n’est pas officielle.  Coincée entre 2 maisons, l’espace laissé libre d’une maison non construite.  Sorte de no man’s land ou de ZAD, comme si, pour cette portion de terre uniquement, un géant s’était emparé de la chaumière et l’avait extirpée du sol pour l’envoyer valdinguer d’une pichenette dans une autre dimension,…et qu’il fallait (se) reconstruire ensuite sur ces nouveaux acquis.  Comment donc occuper un espace libre, ouvert à toutes les possibilités ?  En se l’accaparant, en le cloisonnant.  Une clôture de délimitation, sur le bord de laquelle le lierre (mi-asséché mi-verdoyant) commence à s’imposer.  Une porte en partie grillagée, mais laissant l’espace toujours disponible et visible.  Et de l’autre côté…  Peu de choses, en vérité.  Un passage, si l’on slalome entre certains bacs à poubelles et qu’on évite les planches posées grossièrement sur les façades des autres maisons.  Et au loin, dans le prolongement des maisons adjacentes, de l’herbe.  Et un grand filet de sécurité montant vers le ciel.

Constat intéressant : le mélange de l’ouverture et du cloisonnement, de la nature restreinte et de l’industriel délaissé.

Le Complexe sportif de Marly est simplement de l’autre côté de la rue, mais de ce point de vue-ci, on ne le devinerait jamais.  Peut-être un fougueux garçon a-t-il enjambé le muret pour ouvrir la porte à la fille qu’il convoite, avant qu’ils ne courent se trouver un endroit tranquille, dans le fond.  Ligne de fuite, aussi, pour le dealer qui prend un raccourci avant son rendez-vous. 

Peu importe, finalement.  Malgré mes deux tentatives (une école primaire, et ce quartier du centre sportif), toujours aucune trace d’Aurélien.