#40jours #22 | anté départ

Avant veille du départ. La lumière du matin est plus intense que jamais. Les yeux la captent différemment. Les boutiques, bars, restaurants ouvrent doucement. On prend son temps. Les lents mouvements de balais sur les terrasses. Les véhicules passent. Les trottoirs se remplissent sans saturation. Seule la lumière sature. Le temps au ralenti alentour et une accélération intérieure d’avant-veille. Un véhicule freine brusquement au feu, les passants hésitent et traversent la rue. Le soir de l’avant-veille. Bientôt la veille. Les terrasses de restaurants et bars sont pleines. Tout tient dans sa posture de continuité. La circulation, les feux rouges, orange, verts alternent. Les glaçons fondent dans le verre à moitié plein ou à moitié vide. Le vide est la transparence du verre, le plein est jaune, entre les deux des cubes de glace, immergés dans le plein, flottant dans le vide. Passent des ombres, clignotent des enseignes, monte la musique. Des téléphones portables éclairent des visages, des conversations se déroulent en plusieurs langues, des chats grondent et se menacent immobiles. L’avant-veille décalée d’une semaine, la circulation des véhicules, passants, lumières, sons : fluide. Les conversations plus présentes. Une main pose un verre plein à côté du verre vide. Une main prend le verre vide à côté du verre plein. Si cela avait été la veille, une valise posée sur le lit où s’entassent les vêtements. Comme ce n’est plus la veille, les queues devant les salles de cinéma s’allongent. Les odeurs de poissons frits et les invitations à venir dîner se mêlent aux conversations. Comme ce n’est plus le jour du départ, la porte s’ouvre sur le jardin. On prend le café sur les tables rondes du patio. Une dame donne une tranche de jambon aux chats qui tournent autour. Un enfant accoudé discute avec une femme plus âgée en prenant le petit déjeuner. Une jeune femme passe la main dans ses cheveux, un homme traverse de bon pas la place, une serviette de bain à la main. Si cela avait été le jour du départ, la porte s’ouvre sur le jardin. Dans le patio on prend le petit déjeuner. Un enfant détourne la tête, interrompant la conversation qu’il avait avec sa grand-mère. Une jeune femme passe la main dans ses cheveux, un couple passe en trainant une valise à roulettes sur les pavés. Un homme marche lentement, une serviette de bain à la main. Le clac clac clac de la valise. Comme ce n’est pas le jour du départ, le chant des oiseaux, les petites conversations fraîches autour des petits déjeuners, le bruit de la vaisselle. Un oiseau se pose sur les pavés et à coups de bec rapides picore une sauterelle.

A propos de Romain Bert Varlez

J'écris pour mieux lire.

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